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Perfect Days, Wim Wenders, 2023

Wenders a donc décidé de suivre un homme, Hirayama, dont le travail consiste à nettoyer les toilettes publiques à Tokyo. Pourquoi ce choix étonnant,  nous ne saurons pas même si l’intérêt du cinéaste pour le Japon, qu’il fréquente depuis longtemps, est connu.

Les journées s’enchainent,  répétitives, d’autant plus qu’ Hirayama a une particularité : il s’exprime peu, vraiment très peu, ses échanges avec son coéquipier, un jeune qui rêve bien sûr de faire autre chose et surtout de conquérir la jeune fille rencontrée récemment, sont limités au strict minimum. Hirayama travaille, avec précision, organisation, il suffit de le regarder ranger ses outils de travail dans sa camionnette. Il aime son travail et le fait bien. Et ce n’est pas un des moindres intérêts de ce film de monter un homme au travail, qui tient à le faire bien, même s’il peut être ingrat ou peu reconnu… Si Hirayama ne parle pas, il regarde le monde autour de lui avec beaucoup d’attention : les gens dont le comportement l’étonne ce qui nous donne quelques scènes drolatiques ou attendrissantes, la nature et le jeu de la lumière dans les arbres qu’il photographie avec un vieil appareil photo argentique et on pense au cinéma de Naomi Kawase. Sa vie en dehors du travail est aussi bien réglée que sa vie professionnelle : le petit restaurant populaire, la laverie automatique, le magasin de photos, les bains, la librairie où faire provision de livres d’occasions et pas n’importe lesquels… Toutes ses séquences sont a autant d’occasion de faire connaissance avec une forme de vie quotidienne à Tokyo.  Vous saurez même comment faire le ménage dans une maison traditionnelle ! Autre curiosité, Hirayama écoute de la musique… sur de veilles cassettes qui épatent l’amie de son coéquipier et quelle musique !!! Wenders ressort la bande son qui a accompagné ses années 60et 70  : Lou Reed, les Kinks, Patti Smith, Van Morrison rien que ça ; un délice ou une découverte, c’est selon !! Dans cette vie bien réglée, il ya le baiser furtif d’une très jeune femme, le bar et le charme de Mama qui ouvrira peut-être vers autre chose. Il y a également l’irruption inopinée d’une nièce adolescente , en rupture familiale, qui vient chercher de l’air auprès de cet oncle dont la famille ne parle plus. Elle apprendra, comme nous, que « maintenant,  c’est maintenant »… Si on n comprend que la vie actuelle d’Hirayama fait suite à une rupture, nous n’en saurons rien de plus car c’est bien de la capacité à vivre l’instant présent qui intéresse ici Wenders avec ce « Perfect Days » fait de minuscules détails qui donnent un sens à la vie, minuscules détails dont le film est d’ailleurs parsemé.

Et regardez bien la dernière séquence, vous comprendrez pourquoi Kôji Yakusho a obtenu le prix d’interprétation masculine au festival de Cannes 2023, rien que pour elle, il faut voir ce film.

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