Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Le manga : une fenêtre sur la culture

Un jour, un grand homme a dit « Je ne souhaite pas que vous reteniez vos émotions les plus profondes pour éviter de vous blesser. Nous ne vivons pas que dans l’objectif d’obtenir des résultats. C’est dans chaque instant des défis que l’on se fixe que l’on trouve l’occasion de tout donner. »

Cet homme, c’est Takehiko Inoue, célèbre mangaka qui a mis au monde Slam Dunk, Vagabond et Real, pour citer ses trois œuvres les plus célèbres.

Ses paroles illustrent parfaitement un message récurrent des mangas : le dépassement de soi, malgré les difficultés. Les mangas vendent du rêve, et il n’est donc pas étonnant qu’une grande majorité des mangas les plus populaires adoptent un schéma commun : celui d’un parcours initiatique, dans lequel le personnage principal grandit à mesure qu’il franchit de multiples obstacles, prouvant par là-même que malgré toutes les difficultés, malgré tous ses handicaps, rien n’est impossible à condition de faire preuve d’une volonté infaillible.

Ce message fort et inspirant n’a pas manqué d’influencer de nombreuses générations, permettant au manga de dépasser le simple cadre du loisir. Slam Dunk et Chihayafuru, pour ne citer qu’eux, ont ainsi métamorphosé la scène sportive du Basket et du Karuta au Japon.

Mais en plus de cela, le manga a indiscutablement eu pour effet d’encourager des centaines de jeunes Français à commencer l’étude de la langue japonaise en France. Et en tant que professeur de japonais, un constat s’impose : la quasi-totalité des élèves se lançant dans l’aventure sont passionnés par les mangas. Mais est-ce un problème ? S’il n’est pas rare d’entendre des voix s’élevant contre le manga, souvent par snobisme, le fait est que la quasi-totalité des élèves passionnés par les mangas s’intéressent également de près à la culture japonaise, à son histoire, ses paysages.

Comme je le dis toujours à mes élèves lors de leurs débuts, il n’existe pas de mauvaise raison d’étudier sérieusement le japonais. La seule bonne raison est celle qui nous pousse à aller au-delà des difficultés. Je suis professeur agrégé de japonais, et passionné depuis mon plus jeune âge par les mangas. Les mangas m’ont fait découvrir un monde différent, mais ils m’ont également permis de m’immerger dans l’étude du japonais en vivant ma passion, puisqu’il me suffisait de lire un manga en japonais pour progresser. Si les professeurs dans mon cas sont rares dans ma génération, j’aime à penser qu’en assumant cette passion, je montre à mes élèves qu’il n’existe pas qu’une seule façon d’apprécier un univers, quel qu’il soit. De façon à ce qu’ils comprennent que ce qui compte le plus, c’est de trouver sa propre voie : pas celle que les on dit nous imposent, mais celle qui compte pour nous. Une morale un peu théâtrale, qui n’est pas sans rappeler les messages véhiculés par les mangas. Comme quoi, non contents de m’avoir amené à commencer le basket et le Karuta, les mangas m’auront également influencé jusque dans ma personnalité. La boucle est bouclée.

Romain Edelmann

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