Les pénuries de médicaments se multiplient sans que les pouvoirs publics ne réagissent face à un comportement scandaleux de l’industrie pharmaceutique. En effet, cette situation est de leur responsabilité du fait d’une fermeture des usines de production en Europe et un transfert en Asie, principalement en Chine et en Inde, pour des raisons strictement financières afin de maximiser les profits, au détriment de la sécurité sanitaire. Dans les quelques usines qui restent notamment en France, l’outil de production est utilisé au maximum, avec très souvent un fonctionnement 24 h sur 24, ne laissant aucune possibilité d’augmenter temporairement la production. Là encore, c’est la logique financière qui prime. Les dernières mesures prises par le gouvernement montrent bien les liens très étroits entre la macronie et l’industrie pharmaceutique qui a obtenu une augmentation du prix de l’amoxicilline pour améliorer sa disponibilité en exerçant un odieux chantage. En effet, sans aucune honte, la branche pharmacie du MEDEF a expliqué qu’en l’absence de cet effort les industriels livreraient en priorité les pays qui paieraient le mieux. A cela s’ajoute, les dizaines de millions encaissés dans le cadre du crédit impôt recherche, notamment par le soi-disant leader français du secteur le groupe SANOFI, alors qu’il a supprimé 10 000 emplois en France ces dernières années et fermé plusieurs unités de recherche. Mais pour les actionnaires tout va bien car ils reçoivent bon an mal an 5 milliards d’euros de dividendes sur un chiffre d’affaires d’environ 40 milliards, soit une des meilleures rentabilités au monde. Heureusement, il reste des pharmaciens d’officine qui ont conservé un outil de production pour préparer ce qui est appelé des préparations magistrales dans leur arrière-boutique et qui essayent de répondre aux besoins de leurs patients – merci à eux ! C’est le cas d’une pharmacie parisienne qui fabrique notamment des gélules d’antibiotiques et de médicaments à visée cardiaque. Il faut souligner que ce pharmacien, responsable de cette production que l’on peut qualifier d’artisanale, explique qu’il a pu se procurer le principe actif auprès d’une petite entreprise qui le fabrique en France. Il déclare même que le problème actuel est lié, je cite, « à une hyperconcentration de la production dans les grands groupes avec une seule usine pour fabriquer un médicament », ce qui entraîne des pénuries lorsque le site rencontre la moindre difficulté. Cet exemple montre qu’il y a des solutions qui passent par une véritable politique publique de production des médicaments s’appuyant sur une multiplication des sites de production et le maintien de capacités de réserve permettant d’augmenter rapidement cette dernière en cas de besoin. Mais cette politique industrielle est incompatible avec la soumission à des groupes privés monopolistiques qui font le choix de l’argent contre celui de la santé publique. Dr Christophe Prudhomme
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