Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Ruissellements

Mon luxe est de sillonner ce pays, par la face rurale, de m’y nourrir de ses mille paysages, d’y rencontrer des élus amoureux de leur commune, comme ils peuvent chérir leurs proches, parfois jusqu’à la déraison. Tous présentent le pedigree de la commune : X habitants, Y hectares dont Z de forêts quand la ville-grenouille veut se faire aussi grosse que le bœuf-métropole. 

Les villages de montagne ont cela de touchant qu’ils sont fiers de ce privilège de la sobriété, de cet équilibre entre la présence d’habitants dans un cadre qui permet la cohabitation avec la nature. Quand bruissent les vallées où s’entrechoquent l’illusion de l’opulence et l’aspiration à vivre en lien avec les éléments voisins.  

Combien de jeunes urbains n’ont aucune idée de la sensation de la rosée matinale sur la main, des nuits étoilées au fond des yeux, du contact avec les éléments, avec l’Univers si proche des cimes ? 

Cette richesse, c’est l’espace. Le patrimoine du monde rural avec ses spécificités montagnardes. Il doit être accessible au plus grand nombre. 

Nos sociétés modernes ont forcé le trait préférant se laisser imposer le culte de la concentration empruntée à l’économie libérale. Le défaut a pénétré aussi l’univers des collectivités. Jusqu’à la caricature et surtout l’excès qui amène nombre de citadins à s’interroger. 

Comme le baigneur craignant le froid de l’eau, ils y entrent un orteil, puis le pied, puis la jambe. La ruralité attire, de la plaine aux plateaux, pour ce qu’elle est et non par la fuite du monde urbain, aussi répulsif puisse-t-il être à certains égards.

C’est dans cet esprit que certains proposent que la notion d’espace intègre la Constitution. Cette dernière est hémiplégique autour du seul souci, certes nécessaire, de considérer le Peuple ; mais pourquoi ne pas assumer qu’il lui faut aussi, à ce peuple, un « territoire », de l’espace et satisfaire un besoin vital, celui de respirer, de décélérer aussi. « Depuis longtemps il en rêvait ».

La concentration est une impasse pour notre organisation. Se dessine en miroir une société de réseaux, plaçant les espaces « peu denses », comme les dénomment les experts en euphémisme, au rang de ressource inespérée pour l’organisation humaine. Et la montagne, dans une forme singulière y joue un rôle clé à bien des égards, sans doute plus encore aujourd’hui. Elle est ainsi celui du ruissellement, le vrai. Des sommets jusqu’à la mer.

 

Cédric Szabo
Directeur des maires ruraux de France

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Horizons d'émancipation

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