Délicieux.

Articles courts à déguster à tout moment.

La frontière des oubliés 

Il est des livres dont on sort bouleversé, sans toutefois être sûr d’avoir tout compris… Car cette « frontière des oubliés », entre l’Afghanistan et l’Iran, on la connaît peu, nous, européens. Et qui peut vraiment comprendre, sans l’avoir vécue, la déchirure de l’exil, l’apatridie mentale d’avoir dû quitter son pays par nécessité et qui vous terrasse même quand on se retrouve – par chance – porteur d’un nouveau passeport ?

Mais je vais me taire, dans ce délicieux. Par respect. Il serait injuste que vous entendiez ma voix. Celle des femmes afghanes est tellement rare. Celle d’Aliyeh Ataei tellement vibrante, perturbante…

« A la fin d’une histoire, le lecteur est censé avoir compris le propos de l’auteur. Mais j’ai bien peur de n’avoir pas d’autre propos que les tombes ou le besoin obsessionnel de revenir vers les morts, vers la seule trace de la dignité d’un peuple. J’ai peine à croire que les histoires racontées dans ces pages soient les miennes et que je puisse encore, après tant d’infortune trouver les mots pour dire au monde à quel point la guerre continue de nous meurtrir, de nous chasser, de nous anéantir. Les frontières nous blessent et les coupables de ces crimes restent impunis. Nous sommes ceux qui vivent et ceux qui vendent la frontière. Nous sommes tout cela. »

Un texte puissant qui peint la violence, le traumatisme, le désespoir… et redonne corps à ceux que les frontières mutilent et tuent. 

Alexandra Pichardie

La Frontière des Oubliés, Aliyeh Ataei, Gallimard, 2023, 149 pages, 18 €

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