Le terme « cagots » désigne des groupes d’habitants méprisés dans les villages du Sud-Ouest. Ils furent présents dans toute l’Europe au moyen âge ; en Bretagne, dans le Bas-Poitou, en Guyenne, en Gascogne, dans le Pays Basque, en Navarre et surtout en Béarn. Les montagnes des Pyrénées, pourtant terres de refuge, où les ségrégations eurent peu de prises, terre des Cathares, furent néanmoins le lieu où le phénomène des Cagots fût le plus appuyé. Si vous prenez la route qui va de Bagnères de Bigorre à Ste Marie de Campan, vous trouverez dans les villages des panneaux historiques évoquant les cagots. Dès le XVIème siècle on mentionne dans les écrits des cagots qui peuvent être comparés aux juifs, aux intouchables indiens, aux lépreux.
Ce livre retrace historiquement ce qu’étaient les cagots. Le livre est divisé en huit chapitres et suit un cursus chronologique très documenté. Il est intéressant de constater le rapprochement avec d’autres catégories d’exclus comme les juifs, les mendiants, les lépreux. Plusieurs auteurs qui ont travaillé sur cette question y voient les prémices du racisme. Tout au long des six derniers siècles, les sociétés locales rejetaient tout ce qui était étranger soit en interdisant l’entrée sur leur territoire soit en les parquant dans des endroits bien délimités comme les juifs dans des ghettos, ou encore comme les cagots à Campan dans les Hautes Pyrénées, parqués le long de l’Adour.
Au XIXème siècle, on a même créé le livret ouvrier pour mettre à l’écart toute forme de contestation sociale. Une ségrégation sociale à grande échelle.
Un livre historique intéressant et fouillé.
Daniel Rome
La Frontière des Oubliés, Aliyeh Ataei, Gallimard, 2023, 149 pages
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