Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Street Art : libérez la rue ?

Telle est la question…

La route Courbet, circuit viticole languedocien, s’agrémente de cabanons de vignerons et de maisons délaissées décorées comme des piliers d’autoroutes ou des murs de friches industrielles. L’exposition « Capitale(s) » à l’hôtel de ville de Paris a connu un succès notoire. Même chose à l’ancienne patinoire de Saint-Ouen. Nombre de métropoles, après les avoir combattus ont laissé faire puis offert des espaces aux graffeurs. SNCF et RATP sont passées de la répression à la rétrocession (de murs). 

Un tel engouement cache-t-il un loup ? 

Art de la rue, le street art est – à l’instar du jazz – une culture de dominé.e.s, une expression de rébellion. Dans des formes inhabituelles et iconoclastes. Sur des sujets hors normes, dont les dissonances visent l’attention du « public ». Longtemps considéré comme une salissure et un tas de gribouillis dans l’espace public, va-t-il conquérir des lettres de noblesse ? Des ghettos américains aux quartiers libres de Berlin, ces graphs vont-ils, après les métropoles, s’inviter dans nos campagnes et nos friches industrielles et commerciales ? 

Des mauvais esprits ne manquent pas de considérer cette acceptation officielle comme un pansement posé sur des politiques urbaines excluantes et discriminatoires pour leurs auteurs et leurs comparses. On notera aussi que cette exposition muséale du Street Art ignore superbement les « battles », cette compétition de la reprise et du détournement, du « faire » sur, contre mais aussi avec l’œuvre de l’autre, une œuvre tout aussi périssable. Qui, au fond, parle du temps qui passe, de ses nervosités et de ses peurs. Des désirs aussi. Ghettos, solidarités, solitudes, mouvements… Le graph est un coup de poing, le grapheur un boxeur dressé contre une société qui maltraite les siens. Comme le surréalisme, qui voulait inverser/renverser le réel ? 

Le surgissement de tags et de graphs à la ville, à la campagne et au bord des routes, constitue quand-même la plus grande extériorisation de l’art plastique ! 

Avec leurs limites, leur « normalisation », les expositions et lieux consacrés ont le mérite de nous offrir une diversité inégalée de graphismes, de couleurs, de formes et de thèmes dont l’agencement-même indique la mise en cause d’un certain ordre plasticien. Et son désordre. 

Art de la rue, le Street Art n’échappe pas à une problématique lourde de l’espace public : la place des femmes. 

Elles sont rares dans le milieu… Les ouvrages publiés confirment (confortent ?) cette invisibilité qui laisse les quelques grapheuses dans un angle mort que « la (soi-disant) violence de la rue » ne justifie en rien. 

Quand la « Street Art Avenue » sera inaugurée entre le canal de l’Ourcq et la confluence de la Seine à Épinay, on verra toute la palette ainsi offerte. Une expression de spontanéité populaire où griffages et contrepoint(g)s témoignent de la vie et de ses morsures. 

Patrick Vassallo

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/isere/grenoble/ce-qu-il-faut-savoir-sur-le-street-art-fest-2023-l-un-des-plus-grands-festivals-street-art-dans-le-monde-2771034.html

https://www.visitoakland.com/things-to-do/arts-and-culture/murals/

https://gpseo.fr/vivre-et-habiter/culture-sport-et-tourisme/actions-educatives/les-soeurs-chevalme

https://www.tourisme-plainecommune-paris.com/decouvrir/les-incontournables/street-art-avenuer

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