Edito.

L’Humeur de la rédaction.

Au milieu du gué, tout reste à faire

Après une nouvelle journée de mobilisation contre la contre-réforme des retraites, et alors que l’intersyndicale tient bon, Macron tente de pousser ses feux contre l’immigration et le travail. Diversion ? Pas seulement ! France Travail ou la loi Darmanin font la part belle aux sirènes de la droite la plus conservatrice, haine de classe et chasse aux pauvres en étant les matrices. 

Jamais sans doute lier le social, le sociétal, l’international et la politique n’a paru  si nécessaire. Le succès de la Pride des banlieues ce 2 juin est aussi notable que la victoire des Vert Baudet. La crise climatique ne peut se résoudre sans réorientation fondamentale de l’agriculture. De la Beauce au Sahel, de Bahia à Delhi. Le capitalisme mondialisé peut-il sortir de sa crise sans tendre à l’extrême l’ensemble de ses contradictions ? Le sentiment d’une désorganisation générale cache mal la totale cohérence de chaque acte du développement économique. Cependant, déjà nombre de pancartes dans les manifestations disaient combien étaient nombreux/ses celles et ceux qui étaient en quête du dépassement du capitalisme et de tout rapport de domination. L’aspiration à participer à élaborer les contours d’une autre société est là.

De concert avec la droite, le Macron du « ni droite ni gauche », après avoir fait élire un vice-président RN à l’Assemblée nationale, franchit ligne rouge sur ligne rouge, et revendique jeter  l’État de droit aux oubliettes du gaullisme et nie au peuple toute légitimité. Ils ne cessent de s’embourber dans les rails idéologiques de la droite extrême. Sa société de surveillance sent le rance et la chemise brune.  

En Grèce ou en Espagne, après la Scandinavie, l’extrême droite a des poussées électorales, et factieuses. Comme en Turquie, la « gauche » reste à mi-chemin, hésitant à franchir le gué qui sépare l’illibéralisme de son alternative la plus résolue, c’est ce que reprochent des grecs à Syriza. 

Les sondages récents sur les européennes ou sur l’utilité de la NUPES le confirment : hésiter = renoncer ? Mais en politique -comme en physique- le presque n’existe pas. Ou tu avances ou tu tombes. Si l’intersyndicale est prête à discuter avec les politiques au pouvoir pourquoi pas avec les politiques dont le combat va dans le même sens qu’elle ? Garantir son indépendance passe-t-il seulement par une absence de relation ?

La force de la colère et de la contestation s’anesthésie si un projet alternatif n’emporte pas une participation massive. 

Patrick Vassallo

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