Les gouvernements de Macron n’ont cessé de favoriser le développement de politiques favorables aux entreprises prêtes à étendre leur marché au monde de l’éducation. Pour le SNES-FSU, l’argent public doit aller à l’école publique, gratuite et laïque.
L’entrisme d’entreprises et officines privées, le plus souvent hors de tout cadre réglementaire, sur le périmètre de l’école a été encouragé sur des champs pour lesquels le service public, éreinté par les politiques successives d’austérité budgétaire et de suppressions de postes, a été affaibli voire écarté : orientation scolaire, aide aux devoirs, numérique éducatif, certifications… La connivence manifeste de l’Institution avec des officines de diffusion de l’idéologie de marché doit aussi cesser et les partenariats de l’Éducation nationale avec certaines associations rompus.
Dans le domaine de l’orientation scolaire, le ministère a fait le choix d’une privatisation en favorisant des organismes privés pour l’accompagnement des élèves. Ces partenariats n’offrent aucune garantie de fiabilité des contenus et de respect des règles déontologiques. Certains sont entachés de conflits d’intérêts et proposent des prestations payantes. Les élu·es du SNES-FSU dans les Conseils d’administration des collèges et lycées font leur possible pour s’y opposer. Au lycée, les logiques de parcours individuel mettant en concurrence les élèves « entrepreneurs d’eux-mêmes » ont incité les familles qui le peuvent à recourir aux « coachs » privés pour toutes les formes d’accompagnement scolaire, creusant un peu plus les inégalités.
Des certifications et attestations (PIX pour l’informatique, Ev@lang au collège en anglais) sont imposées par le ministère et viennent affaiblir la portée des examens nationaux comme le DNB (diplôme national du brevet). Certaines dépendent en outre d’organismes privés (Cambridge, Cervantès…) financés par de l’argent public et souvent à validité limitée. Les enseignements, le DNB et le baccalauréat permettent pourtant d’attester un niveau de langue. Dans cette perspective, un retour à des épreuves nationales du bac qui certifient dans les domaines qui l’exigent est une nécessité pour lutter contre cet entrisme du privé sur la dimension certificative des examens.
Pour stopper toute marchandisation des diplômes, l’accès à l’enseignement supérieur doit être ouvert à toutes et tous avec une augmentation des capacités d’accueil à hauteur des besoins. L’abandon de Parcoursup est impératif au profit d’ un système d’affectation transparent, totalement anonyme, sans mention de l’établissement d’origine, qui garantisse à toutes les bachelières et tous les bacheliers l’inscription dans les formations publiques de leur choix, selon un système de vœux hiérarchisés. Dans l’immédiat, toute référence dans Parcoursup à des certifications proposées par des institutions ou officines privées (5 072 en 2023 soit 414 de plus qu’en 2022) doit être retirée.
Le développement des bachelors dans des formations privées hors contrat présentes dans Parcoursup est un exemple révélateur. Ces formations, avec des frais de scolarité très élevés, entrent, par leur recrutement, en concurrence directe avec les CPGE, formation essentiellement gratuite et les classes de BTS en lycée. Celles-ci doivent être développées, sous statut d’étudiant-es, en conservant un accueil diversifié de bacheliers-ères sans quota. Le nombre de places en BTS publics doit être augmenté suffisamment pour l’accueil de toutes et tous, notamment pour l’accueil des bacheliers-ères professionnels.
Au prétexte de la mixité sociale, le ministre NDiaye programme des mesures particulièrement profitables à l’enseignement privé sous contrat. Elles aggraveront un peu plus son rôle déterminant dans le creusement des inégalités car le privé sous contrat n’a pas les mêmes contraintes que le service public d’éducation. La ségrégation sociale doit être combattue fermement, notamment par l’attribution de dotations de fonctionnement indexées sur différents critères (taux de PCS, nombre de boursiers, élèves scolarisés en UPE2A, IPS etc.). Maintenir une richesse de la carte des enseignements et des options et travailler sur les critères d’une sectorisation stricte est nécessaire pour permettre partout la diversité des parcours scolaires et l’amélioration de la mixité sociale et scolaire dans les établissements publics.
Gwénaël Le Paih secrétaire général adjoint SNES-FSU
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