Un bras d’honneur : c’est ce que Macron et son gouvernement viennent d’adresser au peuple de France qui depuis 2 mois se soulève pour le retrait de la contre-réforme des retraites rejetée par 70 % des citoyen·ne·s, 90% des salarié·e·s. Imposer ce nouveau recul de nos droits sociaux par le 49-3 est un véritable déni de démocratie et un nouvel évènement d’un processus de dérive autoritaire voire totalitaire. Une rengaine insupportable se répand sur les plateaux télé et au plus haut niveau de l’État pour dire au peuple qu’il ne peut décider par lui même de son destin.
Au delà de la réforme des retraites, ce qui se joue aujourd’hui c’est la démocratie.
Quand on observe ce qu’il se passe en Italie, en Grèce, en Grande-Bretagne ou en Israël, on voit vite que l’évolution du capitalisme entraîne ce type de dérive autoritaire rendue possible par un système dit représentatif où parlementaires et gouvernants sont de fait indépendants de celles et ceux qui les élisent.
Que reste-t-il au peuple pour faire valoir ses droits fondamentaux ?
Le système représentatif ne fonctionne plus. En même temps une fenêtre s’ouvre avec l’exigence de l’intersyndicale d’une consultation citoyenne, et le RIP proposé par plusieurs députés. 9 mois de débat peuvent être l’occasion de passer concrètement du social au politique, du refus et de la dénonciation du système aux solutions porteuses d’un dépassement du capitalisme. Au-delà, il faut inventer de nouvelles formes démocratiques comme le RIC, Référendum d’Initiative Citoyenne porté par les Gilets Jaunes. Cette proposition majeure, n’est pas la chose du parlement comme c’est le cas du RIP. Le recours au RIC est le contraire de la délégation de pouvoir. Il permet notamment aux citoyen·ne·s de proposer une ou des lois, d’en demander l’abrogation, de révoquer des élus, de modifier la Constitution …
Cela nous conduit à poser la question : qui doit définir le contenu de la loi soumise à référendum ?
On ne peut s’en tenir à ne pas reculer l’âge de départ à la retraite au-delà de 62 ans. Ce qui s’exprime dans les manifestations va bien au delà, y compris dans la remise en cause du système capitaliste qui nourrit actionnaires, dividendes et milliardaires. La loi doit affirmer que la protection sociale et les retraites doivent être financées par la valeur ajoutée par le travail en fonction des besoins et avant toute distribution éventuelle de dividendes aux actionnaires.
C’est au mouvement qu’il appartient de franchir les limites entre le refus et l’élaboration de solutions alternatives. Le mouvement social est l’héritier du CNR qui a pensé la protection sociale. Il ne peut y avoir de tabou. C’est dans des assemblées du mouvement social que doit s’écrire la loi soumise à référendum, puis dans un processus démocratique à définir, il s’agira de construire un consensus à l’échelle nationale.
Et si Jupiter décide de dissoudre l’Assemblée Nationale, après le vote des motions de censure, c’est un processus par le bas qu’il faudra privilégier. A l’image de l’intersyndicale unie, les forces de gauche devront prendre leur responsabilité et ne pas se diviser. Au mouvement de convoquer dans les assemblées, les candidat·e·s pour qu’elles et ils relaient non pas leur programme mais celui écrit et décidé par celles et ceux qui tiennent la société debout.
Association des communistes unitaires
(Présenté par Jean-Blaise Lazare)
Le 19/03/2023
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