Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Rareté de l’énergie et développement de l’égalité

Nous savions que notre modèle économique, principalement basé sur les énergies carbonées, n’était aucunement viable sur le moyen terme. La guerre en Ukraine accélère le processus avec, pour effet immédiat, une inflation qui touche la plupart des activités et nous rappelle que l’énergie est présente dans l’ensemble de nos consommations.

Les réponses initiales des États se sont concentrées sur le blocage des prix et des mesures ciblées sur les publics les plus fragiles de type « chèque énergie ». Les premières sont choquantes car elles profitent indifféremment à tout le monde : les budgets publics financent ainsi le chauffage de maisons surdimensionnées ou l’usage intensif des SUV.

Mais les mesures ciblées ne sont pas non plus à la hauteur de l’enjeu. Au delà du fait que ces hausses de prix peuvent paraître excessives et provoquées par les modalités de marché qui président à leur fixation, il n’en reste pas moins que cette raréfaction des sources d’énergie reste une tendance de moyen terme souhaitable du point de vue de la préservation de la vie sur cette terre. Il nous faut donc désormais penser notre société dans le cadre d’une économie de post-croissance, une société qui privilégiera l’être sur l’avoir. Nous allons certes devoir diminuer le contenu carbone et matière de nos consommations, nous allons peut-être encore améliorer notre efficacité énergétique, mais il va falloir que les plus riches réduisent fortement leur consommation, ce qui signifie une économie largement plus égalitaire que celle dans laquelle nous vivons.

Cette égalité doit se concrétiser autant en terme de revenus que de statuts. Ceci ne passe pas par le développement des minima sociaux mais par une politique qui vise à ce que toute personne puisse avoir un emploi, de bonne qualité et surtout choisi. La revalorisation du salaire minimum s’inscrit dans ce cadre égalitaire : il doit être réévalué au-delà du taux moyen de l’inflation car l’inflation subie par les ménages les plus modestes est plus importante. Certains objecteront que la hausse du salaire minimum est attentatoire à l’emploi. Ceci n’est vrai que s’il est laissé à chaque entreprise le soin d’assurer le paiement du salaire. Mais si une partie de l’ensemble des salaires est prise en charge collectivement par l’ensemble des entreprises, ceci diminue alors le risque de chacune d’entre elles, ce qui multipliera les offres d’emplois de façon à permettre aux individus de passer de l’emploi contraint à l’emploi choisi.

Tel est l’objectif de la Sécurité économique (securiteeconomique.org) : mettre hors marché une partie des revenus de l’économie privée pour la distribuer de façon égalitaire entre les travailleur·ses. Seule cette approche de l’emploi déconnectée de la croissance permettra d’envisager une transition énergétique et écologique à la hauteur des enjeux.

Benoît Borrits

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