Une Université d’été des mouvements sociaux qui appelle des prolongements
L’université d’été européenne des mouvements sociaux s’est tenue à Mönchengladbach, en Allemagne, du 17 au 21 août 2022. Comme lors des précédentes éditions, l’objectif de cet événement était de favoriser des rencontres entre mouvements européens, afin d’apprendre les un.es des autres, de coordonner des luttes et campagnes européennes, d’échanger et de partager des savoirs et des pratiques utiles pour les combats à mener, et plus globalement de partager des moments forts qui peuvent aider à forger une culture de résistance commune.
Cette édition s’est donc tenue. En soi, c’est déjà un petit exploit en raison des incertitudes liées au contexte sanitaire et des nombreuses difficultés inhérentes à ce genre d’exercice (organisation matérielle, équilibre à trouver du fait de la diversité des thèmes et des organisations, etc). Nous en dresserons ici un premier bilan assez global (1) en revenant notamment sur l’implication d’Attac France (2) avant de conclure sur les défis et rendez-vous futurs (3).
1/ Une bonne participation pour une UE variée
Si en juillet, nous pouvions être légitimement inquiets sur le nombre de participants, avec finalement plus de 600 participants venus de nombreux pays (avec une présence marquée des Allemands, Français et Belges) assister à près de 15O activités, cette édition fut plutôt une réussite pour une université d’été qui se tenait pour la première fois depuis 2011 hors de France, pays où se tient chaque année une université d’été des mouvements sociaux (à dimension européenne en 2014 à Paris et à Toulouse en 2017) très bien suivis. La diversité des formats (ateliers, forums et plénières) et des initiatives (expositions, excursions, cinéma, mais aussi des concerts) a rythmé cette UE de Mönchengladbach qui s’est tenue dans les locaux de la Hochschule Niederrhein dont la cour intérieure a été un lieu très convivial d’échanges.
Le samedi après-midi, les participant.e.s de l‘UEMS se sont rendus sur le site de la gigantesque mine de charbon à ciel ouvert de Lützerath. Ils y ont formé une ligne rouge pour dénoncer la progression de cette mine qui menace directement les habitants de ce village. Le message de cette « Ligne Rouge pour la justice climatique » formée par les militant.es présent.es était clair: « Jusqu‘ici et pas plus loin ! ». Cette action parfaitement conforme aux messages délivrés pendant l’université d’été entrait en résonance avec les défis climatiques face auxquels les mouvements sociaux présents à Mönchengladbach entendent apporter leurs réponses.
2/ Attac France présente aux côtés d’autres Attac d’Europe et d’autres organisations
Au cours de cette université d’été, les représentant.es d’Attac France sont intervenu.es dans plusieurs forums (à participation plutôt large) et ateliers (plus restreint mais davantage ciblés sur des thèmes précis). On citera ainsi les forums sur l’intersectionnalité, l’évolution du capitalisme, la santé et les bouleversements du monde du travail. Attac intervenait également sur des thèmes bien connus dans les ateliers présentés sous les noms suivants : Stop Amazon, Grève féministe, Délocalisations et projets industriels, La gauche qui rit, Pour la justice fiscale et en finir avec l’évasion fiscale, Rébellion des scientifiques, Face à la guerre en Ukraine, comment les femmes résistent et s’organisent ?, Financer la bifurcation écologique et Espaces militants inclusifs. D’autres organisations intervenaient dans la plupart de ces ateliers, comme Attac Espagne, Attac Wallonie-Bruxelles ou encore Attac Italie mais aussi Global Justice Now, membre britannique du réseau Attac.
Lors de ces travaux, si Attac France était bien représentée, Attac Allemagne a également été très visible (tant d’ailleurs dans la préparation que la tenue de cette université d’été). La participation de militant.es de plusieurs pays d’Europe a également été notée ainsi que de plusieurs militants syndicaux (pour la France, l’Union syndicale Solidaires et la FSU notamment).
3/ Après Mönchengladbach, quid du futur ?
Si cette édition présente donc des points très positifs, restent cependant des questions posées pour l’avenir dans un contexte très tendu du fait de la situation de guerre en Ukraine, de hausse des inégalités, de forte inflation, etc. Au-delà de la qualité des échanges, une Université d’été des mouvements sociaux doit en effet construire des cadres et des stratégies afin de renforcer le mouvement pour la justice sociale et écologique et pour cela, mobiliser contre les ravages du néolibéralisme, l’hégémonie de la finance et la marchandisation du monde. Les objectifs posés historiquement par ces initiatives demeurent plus que jamais légitimes. Et ce d’autant que les politiques néolibérales produisent les mêmes dégâts quel que soit le pays.
Le prochain rendez-vous est fixé en novembre 2022. Voici 20 ans en effet, le premier forum social européen (FSE) se tenait à Florence dans un contexte déjà dominé par les risques de guerre et les politiques néolibérales. En novembre, les 20 ans de ce premier FSE seront célébrés. Il reste à souhaiter qu’il ne s’agisse pas d’une commémoration mais au contraire l’occasion d’une nouvelle impulsion, tant face ; aux dégâts du néolibéralisme, au risque de dérive autoritaire, à l’austérité qui fait son retour, aux multiples pressions exercées sur le niveau de vie des populations, aux inégalités qui repartent à la hausse, aux injustices fiscales et sociales, à la précarité, aux bouleversements climatiques et aux crises démocratiques qui secouent de nombreux pays, le rôle des mouvements sociaux, leur message voire leur coordination apparaît aujourd’hui légitime et décisif.
Cette université d’été des mouvements sociaux aura donc permis de se retrouver, d’échanger et de nouer des liens. C’est un résultat plus que positif dans une période de crise globale, 5 ans après la dernière initiative du genre. Il reste désormais à bâtir une stratégie dans un contexte qui exige des réponses claires sur des enjeux de taille : dangers sur les démocraties et la paix, risques sur l’environnement et transition climatique, répartition des richesses, impact de l’inflation sur le niveau de vie, retour de l’austérité, précarité, inégalités, solidarités internationales… Bien que franco-français, l’appel à la convergence du 29 août, lancé par plusieurs organisations va en ce sens. Une initiative dynamique européenne de ce type serait plus que légitime.
A lire également
Gilets Jaunes transfrontaliers !
L’affaire du siècle : mobilisation citoyenne
LOI ANTICASSEURS ?