« Compétitivité, attractivité, agilité, sont devenues les mantras d’à peu près toutes les villes » indique Alexandre Grondeau, pour qui « cette radicalisation s’incarne dans une injonction de plus en plus pressante ».
Anne-Rose Levan confirme qu’il y a vraiment inquiétude de rater cette compétition internationale. Montpellier nous faisait de grands discours à l’époque de l’entrée dans la métropole : il faut être en compétition avec Barcelone, Marseille, Toulouse, Lyon ». Laurence Boffet voit là un moyen de « rentrer dans cette compétition mondiale, de shunter le niveau État, en tout cas d’être assez fort pour batailler contre. ». Pour Patrice Leclerc « des métropoles construites sur la concurrence internationale et territoriale sont une mauvaise construction ; on construit des territoires sur la base de concurrence, et pas de la coopération ».
Anne-Rose constate la dérive de « focaliser tout sur les métropoles et d’abandonner d’une certaine façon les territoires qui sont hors métropole ».
Alexandre décortique « des logiques de technologisation et de privatisation (…) d’une certaine fonction urbaine traditionnellement gérée par nos collectivités ». Selon Patrice, « des métropolisations capitalistes, donc concentration de richesses et de pouvoirs ».
Sur les structures et « gouvernance », face à cette technocratisation, Laurence prône que « Les communes aient tous les pouvoirs qu’il faut, qu’elles ne soient pas des sous trucs de la métropole » pour qui « le syndicat mixte est très éloigné des citoyens » et relève que « l’institution département (…) se paie tout le social avec un volet recettes qui est quand même très compliqué à assumer ». Patrice répond que « les syndicats, c’est aussi un moyen de coopération souple ». Faut-il l’élection directe des élus ? que Laurence « trouve (…) quand même une question intéressante ». Pour Patrice, « la question est d’éviter une prise de pouvoir par une instance supérieure, (…) la question est davantage posée : comment on permet aux citoyens et aux localités d’être en conflit dans les syndicats, de poser des questions, même à l’échelle métropolitaine » ; il insiste : « Ce qui réglera le problème c’est le conflit politique animé avec la population ».
Alexandre définit « l’altermétropolisation, comme un processus d’urbanisation concomitant à la métropolisation, non pas antagoniste mais hybride, non pas opposé mais complémentaire (…) la production d’urbanisation à partir d’innovations sociales. ». Patrice y fait écho par « l’observation qu’il y a beaucoup d’alter qui se créent à partir de l’action citoyenne, à partir d’actions « en bas », (…) il y a aussi dans ce pragmatisme une recherche idéologique qui porte une recherche de sens et de vivre autrement. ». Et soutient « ces expertises citoyennes, alternatives qui (…) renforcent la vision de solutions métropolitaines (…) à partir des communes, du municipalisme. ». Alexandre souligne que « ces populations souhaitent (…) construire et reconstruire leur ville sur la vie, la ville sur leur vie. ». Diangou Traore l’illustre par « ces espaces de discussion parfois en plein air, que j’organise, avec des débats sur tout, aucun tabou (…) c’est ça l’éducation populaire, c’est sensibiliser les gens, c’est l’éveil de conscience ».
Patrice « croit qu’il y a dans l’altermondialisme et dans l’altermétropolisation ce qui doit être central, c’est la capacité à organiser des disputes citoyennes sur comment on construit du commun. Et comment on construit et on veut construire la société avec un objectif qui est la recherche du bonheur pour toutes et tous et pour chacune et chacun ». Et prône que « dans chaque ville il faut que les populations reprennent le pouvoir à partir de ces expériences. Qu’ils construisent des villes à leur image, qui font société et qu’ensuite la coopération entre ces villes fasse métropole ». Ainsi Alexandre indique « la free Town de Christiana où depuis plus de 50 ans, un demi-siècle, les communs urbains , l’autogestion, la démocratie directe , le municipalisme sont vécus par et pour un quartier hypercentral dans Copenhague », Et constate que « la métropole se repolitise par le bas autour de principes qui sont des principes écologiques, féministes, inclusifs, de solidarité etc. etc. mais le plus intéressant -il me semble- c’est que ce débouché politique qui pendant longtemps a été moqué (oui ils font ça dans leur coin, les autonomes, les autogestionnaires) fait sens commun. A Barcelone, c’est la lutte contre l’urbanisation du centre historique qui a été fondatrice de l’arrivée à la tête de la municipalité (…) de « Barcelona en común » ». Il « observe actuellement scientifiquement une repolitisation des populations urbaines, (…) qui se fait par l’exemple. (…), la volonté de faire sens, de faire société ». Laurence souhaite « que les métropoles s’allient entre elles sur des forces plutôt communalistes, ou par les communes en dessous elles les poussent pour que l’on refasse du commun ».
De l’éducation populaire à la « politique », Diangou voit “qu’on s’intéresse à son entourage en faisant de la solidarité, ça on le fait tout le temps, solidarité alimentaire, et même recyclerie, de vêtements et de tout ce qui est matériaux et compagnie, mais voilà : importance de l’éducation populaire pour se conscientiser politiquement, et citoyennement, tout simplement » et conclut : « pour que tout le monde soit éveillé consciencieusement et que tout le monde s’accapare politiquement. On ne va pas dire politiquement. Que chacun s’accapare de son environnement ».
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