Ce film dit aussi la douleur d’une danseuse face à un accident, les suites annoncées irrémédiables, le courage d’y faire face. Il dit le rapport au père, les affres d’un milieu gangrené par l’individualisme, les conceptions libérales, la concurrence, et son rapport au(x) corps. Il dit la métastase des inégalités, violentes parfois, bien loin de la grâce du ballet. Sous le spectacle, quelles maltraitances ?
Il dit aussi une forme d’émancipation ; mais bien plus encore Cédric Klapish nous parle de l’intégralité de la danse, la façon dont elle insémine et exprime les nervures de la vie.
Du classique au contemporain, c’est une tranche de vie qui se joue autrement. De Paris à la Bretagne, c’est un parcours de libérations qui s’ébauche.
Ce film offre ici une œuvre très politique où c’est moins la malléole de la danseuse que le corps social qui défaillit.
On pourra trouver que ce nouvel élan constitue une allégorie qui nous parle bien au-delà de la danseuse et de la compagnie, ou de la propriétaire (Muriel Robin) d’un manoir dédié à une liberté et une grâce qu’elle n’a plus.
Klapish nous offre par cette œuvre un instant de beauté, plein de ces blessures intimes, parfois anciennes, que n’apurent pas les larmes.
Patrick Vassallo
En corps, Cédric Klapish, France, 2022, 1h58 sortie nationale en avril
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