Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Services publics : les raisons d’un ensemble. 

On tend à considérer en France que l’existence des services publics fait partie du paysage, constitue un élément du pays. Remises en cause et privatisations font souvent l’objet de mobilisations. Tout ceci est fort légitime. Mais 3 questions se posent si nous voulons que cette défense des services publics ne se limite pas à une préservation de l’existant. Pourquoi des services publics ? S’ils se fondent sur les besoins essentiels, quels en sont les périmètres ? Pour interdire tout concubinage avec le marché, quelle (auto)gestion ?

Même la République la plus démocratique ne suffit pas à justifier des services publics si ne sont pas définies les raisons qui en fondent l’existence. Certes le vivre ensemble, le besoin d’égalité et de justice obligent à proposer des « systèmes » d’accès « universels » hors toute discrimination. Le principe de péréquation territoriale participe de cette volonté d’une égalité de traitement où que l’on soit dans le pays, pour accéder à l’énergie, au timbre-poste ou au transport scolaire. Ce fut le cas pour le ferroviaire. Mais aujourd’hui l’accès aux télécommunications et à internet, les modes de garde de la petite enfance, l’accompagnement des plus âgés/es, ne sont-ils pas des besoins vitaux, de base qui devraient entrer dans ce périmètre ? Pour l’eau, l’école, le handicap, ou la question alimentaire, le sujet mérite d’être posé. Si l’on ajoute le logement et la santé, on peut répondre que la nécessité d’assurer à chacun-e et à tout le monde l’accès aux besoins de base constitue le fondement des services publics.  Dans des conditions qui – évidemment – évoluent avec l’évolution de la société et des usages. Pour vivre ensemble il faut maison commune.

Si la réponse aux besoins sociaux et vivriers est le fondement de services publics, force est de constater que leur périmètre ne peut être unique. La production d’électricité, de fret ou de transports ferroviaires (longs trajets) dépasse les frontières nationales. Les bassins aquatiques sont bien plus larges que celui de la consommation de l’eau et de l’assainissement.  La fibre se pose en bas de chez soi quand sa communication traverse la planète. La formation de professionnels/les compétents/es ne peut se faire uniquement dans la crèche ou l’EHPAD du quartier. Un débat large doit donc préciser ces périmètres. Et déterminer ce qui dans des besoins exprimés ne relèverait pas de l’essentiel : l’avion, l’ultra mobilité, la livraison à domicile en 5 minutes, par exemple.

Travailler une appropriation collective qui mette en synergie, en coopérative, usagers, agents professionnels, producteurs, populations, communes.

Répondre aux besoins vitaux pour favoriser le collectif, ne pas laisser chaque personne face à ses problèmes, construire une ambition partagée, « le vivre ensemble », surtout si l’on affirme haut et fort l’impératif d’une transition autant écologique que sociale qui ouvre après le capitalisme, amène immanquablement à interroger le mode de fonctionnement de ces services publics. Aller au bout de cette réflexion suppose de travailler une appropriation collective qui mette en synergie, en coopérative, usagers, agents professionnels, producteurs, populations, communes, de façon à ne laisser cette gestion ni aux mains de techno-bureaucrates aussi éclairés soient-ils, ni sous la coupe d’un appareil d’État ou d’un pouvoir qui en ferait un outil de sa domination. C’est donc bien la question de l’autogestion des services publics, dans des procédures transparentes et au sein de périmètres adaptés. Qui mieux que les intéressés/es eux-elles même peuvent être garants de leur bien collectif, partagé, public ?

Patrick Vassallo.

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