Action climatique, action pour la paix
Les activités militaires et les guerres sont causes de pollutions énormes qui contribuent à l’émission de gaz à effet de serre (GES) en quantités énormes. À l’occasion de la COP 26, le Mouvement de la paix s’est associé à une pétition internationale soutenue par plus de 180 organisations au plan mondial visant à obtenir que les Etats s’engagent à mesurer et à rendre publiques les émissions de GES des activités militaires de leur pays. Il est également demandé que le GIEC mette en place un groupe de travail spécifique sur les activités militaires et leurs conséquences climatiques.
Le réchauffement climatique a des conséquences qui en de nombreux points du monde ont des impacts dans l’aggravation des conflictualités actuelles. Dans plusieurs pays, des périodes de sécheresses inhabituelles ont contribué à des migrations de populations rurales vers les villes dans des conditions désastreuses qui ont favorisé le développement de violences intra étatiques et l’implantation de Daesh dans les populations fragilisées comme en Syrie. L’augmentation du niveau de la mer va susciter en particulier en Asie, mais pas seulement, des migrations énormes sans aucun rapport avec ce que l’on connaît aujourd’hui. Ces migrations, dans des régions déjà porteuses de fortes conflictualités, entraînera des frottements démographiques et des guerres si des mesures ne sont pas prises. Les Nations unies ont alerté sur ces dangers et en 2019 ont appelé au succès de la journée internationale de la paix sous le thème « action climatique, action pour la paix ».
Le Mouvement de la paix et les 180 organisations investies dans le collectif national des marches pour la paix ont fait la jonction avec les mouvements qui luttent pour la défense du climat et le 25 septembre 2021 ont développé des actions dans une soixantaine de villes sous le thème « Pour la paix, le climat, le désarmement nucléaire, la justice sociale et les droits humains ». Tous ces facteurs sont liés d’où la nécessité de faire converger les luttes dans une situation extrêmement grave non seulement pour la planète mais aussi pour la paix.
Causes des guerres et impact sur les populations
Ce sont toujours les populations civiles qui subissent les conséquences des guerres et en premier lieu les femmes et les enfants. « Les guerres voient mourir des gens qui ne se connaissent pas mais se tuent, au profit de gens qui se connaissent mais ne se tuent pas » disait Anatole France, c’est encore largement vrai.
Sur les causes des guerres, je partage totalement le point de vue de Georges Corm (professeur d’Université au Liban) en faveur d’une politologie profane des conflits. Dans l’analyse des conflits, il faut passer en revue tous les facteurs qui ont pu y donner naissance. L’analyse doit être multifactorielle, et décliner les causes démographiques, géographiques, économiques, politiques, historiques idéologiques et culturelles ayant structuré un conflit.
Les causes religieuses sont souvent invoquées pour mieux voiler les autres causes qui sont souvent les vraies clés d’explication du conflit qu’on peut appeler à ce titre les causes profanes. Les logiques sont le plus souvent des logiques d’intérêts. Qui peut croire que le Président Sarkozy a violé la résolution de l’Onu sur la Libye pour défendre la démocratie ? L’Otan cet organisme illégal au regard de la Charte des Nations unies a une responsabilité importante dans la détérioration de la situation internationale actuelle et le développement des extrémismes violents et du terrorisme. La mise à feu et à sang du Moyen Orient et l’émergence de Daesh dans les régions subsahariennes a pour cause première l’accord conclu à la fin de la seconde guerre mondiale entre le roi Saoud et les États-Unis (accord du Quincy) pour l’exploitation du pétrole de la région via la société Aramco créée entre l’Arabie saoudite et les Usa (pour 60 ans et renouvelé depuis) et non l’interprétation du Coran. La responsabilité de l’Otan en cette matière est énorme à travers la guerre en Afghanistan et ensuite en Irak contre laquelle l’immense majorité des peuples se sont levés. Le terrorisme doit être combattu avec vigueur sur tous les terrains qui favorisent sa propagation, y compris par des moyens militaires si nécessaire, mais surtout en s’attaquant d’abord aux causes et en luttant pour un autre monde possible : un monde de justice, de paix. L’Unesco et l’Onu à travers les résolutions définissant un plan d’action pour la construction d’une culture de la paix est un point d’appui essentiel.
Dépenses d’armement et reprise de la course aux armements nucléaires
Depuis les années 1999-2000 à aujourd’hui, (source le Sipri), les dépenses militaires mondiales ont doublé passant de 1000 milliards de dollars en 2000 à 1987 milliards en 2020 !!!
La course aux armes nucléaires reprend.
Une centaine de scientifiques issus d’une dizaine de pays dont un prix Nobel et des membres de l’académie des sciences ont lancé un appel international adressé aux chefs d’État des pays possédant des armes nucléaires dans lequel ils estiment « que deux dangers mortels guettent l’humanité, le réchauffement anthropique du climat et l’apocalypse nucléaire ». Tous les travaux scientifiques conduits sur cette question tant aux USA, en Russie, en France ont abouti au résultat que l’utilisation d’une petite partie des 15 000 armes nucléaires existantes aboutirait à une catastrophe humanitaire définie par les scientifiques sous le terme d’hiver nucléaire ou d’apocalypse nucléaire susceptible d’anéantir toute vie humaine sur cette planète. Les armes nucléaires sont dangereuses, illégales au regard du droit international, couteuses, moralement inadmissibles. A travers l’article 6 du Tnp, 181 Etats dont la France se sont engagés à agir pour leur élimination, un Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN), est entré en vigueur le 22 janvier 2021. Pourtant aucun des 9 Etats dotés de l’arme nucléaire ne l’ont signé, la France a décidé de doubler le budget en faveur des armes nucléaires, les Usa ont prévu d’y consacrer environ 1000 milliards de dollars sur 15 ans, la Russie et la Chine répondent à travers la mise en place de fusées hypersoniques susceptibles de porter des armes nucléaires.
78 % des Français (sondage IFOP 2018) sont favorables au désarmement et 65 % sont favorables à ce que la France signe le TIAN. L’heure est à l’action en signant la pétition nationale soutenue par 190 organisations demandant la signature et la ratification du Tian par tous les Etats du monde.
Usages civils et reconversion
Indéniablement dans de nombreux secteurs au vu des immenses compétences scientifiques portées par les salariés et du caractère dual de nombreuses technologies notamment électroniques, il est clair que celles-ci pourraient être utilement valorisées pour reconstruire en France une filière industrielle dans le domaine de l’imagerie et des technologies biomédicales (radiologie, mais aussi transmissions de données médicales ou opérations à distance etc.). Dans ces secteurs la France importe des produits réalisés par Siemens en Allemagne ou GE (General Electric) aux Usa. Mais les activités militaires sont aussi porteuses d’un savoir-faire dans le domaine de la logistique qui pourrait être utilement mis en œuvre au bénéfice du bien-être et aussi dans le cas des catastrophes naturelles. Dans le cas des inondations dans le sud de la France, il a fallu attendre vraiment trop longtemps pour venir reconstruire des ponts dont avaient besoin les populations alors que les savoirs faire technologiques dans ces activités auraient pu rapidement mettre en place des réponses adaptées et efficaces. On trouve les moyens pour la guerre, pour lever des armadas pas pour construire des ponts en des temps records, ou pour sauver des migrants au milieu de la méditerranée ou de la Manche.
Pour faire face aux immenses défis actuels en particulier climatique, économique et sanitaire, tous les potentiels scientifiques et intellectuels doivent être mobilisés pour la recherche de solutions pour le bien commun de l’humanité. Au-delà de la nécessaire défense de la souveraineté du pays, l’hyper croissance des dépenses militaires dans le monde est un obstacle majeur à la construction d’un monde de justice et de Paix. Cela suppose une diversification et des reconversions des activités des industries liées au militaire en faveur d’une économie pour la paix. Un séminaire sur le thème « Qu’est-ce qu’une économie de paix » aura lieu au conseil économique social et environnemental en 2022.
Ensemble pour la paix, la justice, le climat, le désarmement nucléaire les droits humains.
Stop les guerres, stop les violences, stop la misère.
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