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Pourquoi Beethoven nous parle encore ?

En étant de son temps, la musique de Beethoven est liée aux Lumières et à la Révolution française qu’il salue en participant avec le poète Heine à la plantation d’un arbre de la Liberté à la frontière française. L’avatar de la 3ème symphonie illustre son engagement. Il l’avait d’abord baptisée Bonaparte en hommage aux soldats de la Liberté. Apprenant que celui-ci se faisait empereur, il biffe ce titre. Avec rage : le papier en a presque été troué. C’est devenu la Symphonie héroïque pour en conserver le sens.

La construction de sa musique dit cette liberté. Son caractère épique évoque des grands récits. Et aussi l’émergence du Moi, des passions, des colères, des amours, de la perception des éléments. Rien de figé. Les arythmies parfois brusques, les dissonances témoignent d’une prise de liberté au regard de tout académisme. Il faudra attendre le jazz pour des audaces de ce niveau. Ecoutez le début de la 9ème Elle commence par des notes en vrac. Certaines quasi-cacophoniques. Comme si l’orchestre était en train de s’accorder. Comme si Beethoven nous emmenait dans la salle des machines. La magie de la musique ne vient qu’après en avoir signalé le travail. L’orchestre se fait humain. Et le final en apothéose : le chœur en masse. Exceptionnel à l’époque. Le peuple envahit l’espace.

La modernité de Beethoven est dans des valeurs qui ne s’usent pas.

Pierre Zarka

Beethoven, Harmonia Mundi, L’intégrale des Symphonies transcrites pour le piano par Franz Liszt, 7 CD

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