Le thème principal de l’ouvrage est la « massification de l’école » qui entraîne une « distillation » des inégalités. La distillation consiste en une accumulation de tris entre les élèves qui constituent de « petites inégalités » d’orientations, de filières, d’options, qui discriminent finalement à nouveau les catégories sociales, renvoient aux inégalités sociales et culturelles et sont renforcées par les stratégies des acteurs, créant du ressentiment et « rongeant la cohésion sociale ». Distillation signifie pour les auteurs que les inégalités scolaires semblent (sous le slogan d’égalité des chances) aujourd’hui moins liées aux classes sociales des élèves qu’à leurs compétences et à leur responsabilité individuelle, ce qui crée chez de larges couches d’élèves un manque de confiance, et un sentiment d’incapacité et de mépris de soi.
L’école, sauf quelques « établissements expérimentaux, » s’est « repliée sur ses fonctions « instrumentales », a perdu sa capacité éducative à construire des citoyens : un style éducatif rigide et une conception unique de l’excellence scolaire invalident d’autres compétences qui ne s’apprennent pas à l’école et qui sont aujourd’hui nombreuses et dominantes chez les jeunes. Quelques propositions : desserrer le lien entre diplômes et emplois, enlever à l’école son monopole de la définition des capacités des individus.
La question est finalement de savoir quel adulte on veut former ?
François Dubet et Marie Duru-Bellat, L’école peut-elle sauver la démocratie ? Éditions du Seuil, Août 2020, 17.00 € , 240 pages
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