Edito.

L’Humeur de la rédaction.

Prendre les devants

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Plus de 2 mois sans gouvernement. Signe d’une crise démocratique profonde, la situation est inédite sous la 5eme République établie pour assurer la stabilité politique du pays. Il y a bien quelque chose de pourri au Royaume de France…

Entre la dissolution et le 2eme tour des élections législatives, la gauche sociale et politique (et au delà) s’est mobilisée pour battre l’extrême droite avec succès (certes relatif). Ce ne fut pas du goût de Macron (et des forces du capital) qui a œuvré à la nomination d’un premier ministre et à la constitution d’un gouvernement de droite et de droite, sous haute surveillance du RN. What else ?

Ce gouvernement ne repose sur aucun socle populaire.

Plusieurs membres de celui-ci se sont opposés à l’égalité des droits (mariage pour tous, PMA pour toutes, constitutionnalisation de l’IVG) alors que toutes ces avancées étaient majoritaires dans le pays.

70% des francais·es étaient opposé·es à la retraite à 64 ans, Barnier ne propose pas d’abroger la contre-réforme adoptée à coup de 49-3.

Les services publics sont à l’asphyxie mais il n’est question que de réduction du déficit public, plutôt que de répondre aux besoins en matière de santé, d’éducation, de logement, de transport, de transition énergétique.

Colère et dégoût s’expriment face au mépris de la classe dirigeante française qui s’enfonce dans l’autoritarisme. La France pays des Droits de l’Homme, le symbole risque de faire long feu dans le monde.

Dans ce contexte, le RN continue d’être perçu comme une alternative politique crédible, et attend son tour. La responsabilité du Nouveau Front Populaire pris au sens large, des partis aux syndicats en passant par les associations et les collectifs divers, est immense. Les combats de coq n’ont pas leur place dans la tâche qui doit être la notre. Ils alimentent le sentiment d’impasse politique. Ils continuent de mettre la course à l’élection présidentielle au centre du jeu.

Ne pas attendre que tout vienne d’en haut, ne pas attendre que le gouvernement passe à l’offensive pour ramer à contre-courant, prendre les devants. C’est ce que font les enseignant·es qui dans les collèges ont concrètement vidé de son sens la réforme du choc des savoirs et empêché la constitution de groupes de niveau. C’est ce que font les salariés.es de Duralex qui plutôt que de rechercher un repreneur s’organisent en SCOP. C’est ce que font les salarié·es qui se barrent de leurs emplois quand le travail qu’on leur demande entre en contradiction avec leurs valeurs profondes. C’est aussi ce que font les militant·es qui n’attendent pas les consignes des chefs pour constituer des collectifs locaux du NFP.

Encourager ce processus d’émancipation devrait être la préoccupation majeure des porte-parole des organisations parties prenantes du NFP. Lui donner une cohérence qui fasse alternative crédible aussi. On s’y met ?

Sylvie Larue

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