Ou comment mieux trier les élèves issus des catégories populaires
G Attal s’inscrit dans la droite ligne des dernières réformes de l’éducation nationale. Éclater le groupe classe, constituer des groupes de niveaux en mathématiques et en français, recentrer les apprentissages sur des savoirs dits fondamentaux, imposer le redoublement ou conditionner le passage à un stage de réussite, tout est fait pour accentuer le tri social et stigmatiser les élèves en difficulté.
Contre l’avis des chercheurs en sciences de l’éducation et en didactique, contre l’avis des principales forces syndicales de l’Éducation, contre l’avis majoritaire des enseignant.e.s, le ministre de l’Éducation Nationale poursuit l’entreprise de démolition du collège unique.
G Attal s’appuie sur les résultats des tests nationaux et de l’enquête PISA pour justifier une réforme qui abandonne l’ambition d’amener tous les élèves à un haut niveau de formation.
Constituer des classes hétérogènes est pourtant la condition pour élever le niveau général des élèves, sans pour autant pénaliser les élèves en réussite. Or gérer cette hétérogénéité n’est pas chose facile, mais c’est d’autant moins facile que les effectifs des classes sont de plus en plus lourds, et que les injonctions à l’école inclusive ne sont pas suivies des moyens d’accompagnement suffisants pour les élèves à besoins particuliers. Enseigner dans des classes hétérogènes implique une expertise qui s’acquiert en formation initiale et continue et dans la pratique, loin des opérations de caporalisation des méthodes d’enseignement, voire même de l’introduction d’outils d’intelligence artificielle pour les élèves les plus en difficulté.
Un groupe classe c’est un collectif de travail au sein duquel se nouent des liens d’apprentissage qui démultiplient les possibilités de transmission/appropriation des savoirs. Si au sein de ce collectif de travail peut parfois se créer des groupes de besoin, la stabilité de ce groupe classe est un atout pour apprendre et s’émanciper ensemble, comme la nécessité de laisser la décision à des enseignant.e.s concepteurs de leurs contenus et choix pédagogiques. Exiger l’abandon des annonces ministérielles, désobéir à ces nouvelles injonctions, faire vivre concrètement des choix pédagogiques et didactiques émancipateurs, autant de pistes à explorer pour mettre en échec la stratégie du choc.
Sylvie Larue
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