Dans l’attente d’une éventuelle naturalisation dont les critères d’obtention semblent dater de la 3e république, la narratrice Layla, jeune femme dont une seule phrase nous fait penser qu’elle vient d’un pays en guerre, raconte son existence entre l’hôtel « social » et ses rencontres dans un Belleville tout en couleurs. Elle côtoie, dans cet hôtel « social » tenu par un marchand de sommeil, des jeunes femmes venues comme elles des divers coins du monde où il ne fait pas bon vivre et rencontre dans ce Belleville une solidarité de cœur avec d’autres « déshérités ».
Ce bouquin est la narration du parcours du combattant que mène Layla dans notre pays, où l’on n’est jamais vraiment « assez français ». L’écriture toute en colère, ironie, mais profonde humanité laisse à penser que l’écrivaine Leïla Bouherrafa s’est nourrie de son expérience de professeur de français dans une association qui accueille de jeunes réfugiés pour ce qui est du fond. Elle a fait également découvrir son style absolument magnifique et vérifier encore que « l’autre » est notre semblable.
Christiane Dedryver
Tu mérites un pays, Leïla Bouherrafa, Éditions Allary, août 2022, 304 pages, 18,90 euros
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