“Étrangement, le mot “émancipation”, dans son sens d’origine, est presque absent du langage commun. Se déprendre des tutelles et des contraintes ne serait donc plus l’objectif de chacun d’entre nous ?” Dans la droite filiation de tout son œuvre, ce constat et cette interrogation sont au cœur de l’ouvrage de notre amie historienne.
Fourmillant d’exemples et d’analyses historiques et contemporaines, il invite à un voyage, sans carte mais plein de jalons ordinaires et de repères fondamentaux, à travers l’histoire et la géographie, et les différentes dimensions de chaque vie, une et multiple, à la recherche de l’émancipation, ses surgissements révolutionnaires, dévoiements idéologiques, travestissements individualistes, inversions en servitude, et persistances dans nos espérances ! Bref, ses présences et absences, forces et fragilités : humaines…trop humaines !
La couverture de P. Klee illustre bien l’entrecroisement des traces : qu’est-ce qu’il y a d’historique et de traces de futur dans le présent ? de présent dans l’histoire ? de prospectif dans le rétrospectif ?
On est porté par cette enquête qui, sans en avoir l’air et que l’on y prenne garde, prend des allures de manifeste ! Un manifeste différent, qui ne vise pas la fracture adhésion/rejet. Une mêlée descriptive et interrogative qui aborde l’émancipation par divers biais au service d’un objectif : toi qui lis…réfléchis…penses par toi-même. Manière subtile de faire cheminer chacun-e vers cette première condition de l’émancipation !
Makan Rafatdjou
Mais où est passée l’émancipation ? Michèle Riot-Sarcey, Éditions du Dehors, 2025, 140 pages, 16,90 euros
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