Entretien avec Françoise Vergès
« Nègre je suis nègre je resterai » fut publié une première fois en 2004. L’accueil fut assez frais à l’époque, ainsi, parmi d’autres, Raphaël Confiant, d’épingler « la contradiction entre le poète prométhéen et le politique conciliant ». Il n’empêche, F. Vergès a choisi de republier ce petit volume de 150 pages … à raison !
« Colonialité, colonialisme… » ont désormais, en bibliothèques ou librairies, des rayons qui s’étoffent. Cet ouvrage devrait y trouver sa place. F. Vergès fait entendre Césaire dans le champ renouvelé des travaux, des confrontations, des débats. Quant à l’esclavage, la colonisation, la colonialité, ainsi qu’au racisme anti nègres. F. Vergès, insiste sur le champ politique de l’œuvre de Césaire, éclairant son actualité, pointant ses limites.
Si F. Vergès revisite ensuite favorablement la notion de post-colonialisme, elle en souligne ce qu’elle appelle les avantages théoriques. Néanmoins, elle pointe les impasses de Césaire, particulièrement ce qu’elle nomme chez lui le discours nativiste, dans lequel « le passé est imaginé comme lieu où gît la vérité de soi falsifiée par la violence coloniale ».
Si on a reproché à Césaire de s’être battu pour la départementalisation et d’une certaine manière l’assimilation, on sort de cet ouvrage en mesurant que les questions coloniales ne sont pas des épiphénomènes dans l’histoire de l’Europe et d’ailleurs, mais qu’elles sont, pour la France, des éléments structurants de son histoire, de sa culture…
Catherine Destom
Aimé Césaire : « Nègre je suis nègre je resterai » Entretien avec Françoise Vergès Éditions Albin Michel, octobre 2024, 160 pages, 6,90 euros.
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