Notes d'actu.

Notre récit d’un monde en mouvement.

Colonies françaises : toujours en lutte !

Le colonialisme français se porte bien ; les peuples colonisés beaucoup moins. Et ils se révoltent pour dénoncer l’oppression, pour réclamer leurs droits et aussi parce qu’ils crèvent de faim.

Les manifestations contre la vie chère en Martinique (et en Guadeloupe) participent de cette dynamique. Les syndicats CGTM et CDMT sont parties prenantes du mouvement et rappellent qu’outre les questions structurelles, très liées au fait colonial, l’augmentation des salaires et des pensions est aussi un moyen d’affronter la hausse du coût de la vie. Les prix en Martinique sont supérieurs de 12% à ce qu’on connait en France ; et cela est plus important encore pour les produits alimentaires : +40% ! Près de 30 % de la population martiniquaise se situe sous le seuil de pauvreté, selon le très officiel INSEE.

En Kanaky, la situation est dramatique pour des milliers de personnes qui ont perdu leur emploi depuis ce printemps ; c’est une conséquence directe de l’insistance de l’Etat français à vouloir imposer sa loi dégel du corps électoral, au mépris de l’accord de Nouméa et à l’inverse de tout processus de décolonisation. L’Union Syndicale des Travailleurs Kanak et des Exploités (USTKE) a lancé un appel à soutenir la banque alimentaire qu’elle a mise en place pour répondre aux urgences[1]. Des prisonniers politiques ont été déportés en France, à près de 20 000 kilomètres de chez eux, de leurs proches. Plusieurs jeunes Kanak arrêtés sur les barrages ont subi le même sort. La haine entretenue par les partisans de la Nouvelle-Calédonie française, appuyés par l’Etat, et la misère risquent de pousser de nombreux et nombreuses Kanak à des vols pour … survivre, simplement se nourrir. Ce serait alors la spirale infernale de la répression. D’autres, acculés par l’extrême pauvreté, reviennent dans leur tribu pour y trouver un toit et de la nourriture, ce qui n’est pas sans conséquences sur les équilibres locaux.

Dans la nuit du 18 au 19 septembre, le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) a tué deux hommes de la tribu Kanak de Saint-Louis ; il s’agissait d’une « opération de police ». Les représentant⸳es de l’Etat français reprennent le terme utilisé au temps où la guerre d’Algérie pour la décolonisation de ce pays s’appelait « les évènements d’Algérie » … tout comme certains parlent aujourd’hui des « évènements en Nouvelle-Calédonie ». La politique coloniale est une constante des gouvernements français. L’Etat colonial rejette avec dédain les peuples de ces pays et leurs revendications ; il installe les conditions d’une situation conflictuelle violente et utilise ensuite la police, l’armée, la justice, pour réprimer.

Kanaky, Martinique, Pays basque, Corse, Guadeloupe, Réunion, … l’émancipation à laquelle nous aspirons ne peut faire l’impasse sur les luttes anticoloniales !

Christian Mahieux


[1] USTKE/Solidarités – IBAN : FR 76 1749 9000 1319 08810206 218 – BIC : BCADNCNN – Domiciliation : BCI Mairie.

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