Je reprends la thèse de Pierre Serna, sur la politique jupitérienne de Macron.
Depuis 2017 il exerce un pouvoir très personnel.
Ni de gauche ni de droite (en même temps) par lequel il ne respecte pas les corps intermédiaires, représentation nationale, représentation syndicale, et les classes populaires.
Les gilets jaunes et l’utilisation permanente du 49-3 sous sa 2ème présidence, l’intégration de l’état d’urgence dans les dispositions législatives.
La violence de la répression envers les opposants :10 morts en nouvelle Calédonie, 19 incarcérations dont 5 à 17 000 Km de leur famille (en métropole), les violences policières depuis les gilets jaunes et les manif Ste Soline, le mouvement des retraites etc….
Pour assoir son pouvoir, il a trahi Hollande et profité de la débâcle de Fillon en 2017; c’est dire porter un coup contre les socialistes et diviser la droite.
Maintenant il conteste la légitimité de la gauche à gouverner. S’apprête-t-il à poursuivre un pouvoir personnel en établissant un pouvoir «centriste modéré». On peut le craindre à la fois dans sa lettre aux Français et son allusion sur les extrêmes lors de la conférence de presse à l’Otan. Mercredi, pour clore la session plénière du conseil de l’Atlantique Nord, le chef de lÉtat rappelle à ses homologues que « les Français ont fait le choix d’exclure les partis extrémistes » (Le monde vendredi 12 juillet 2024).
Comment peut-il aboutir à ressusciter Renaissance-Ensemble tout simplement en s’apprêtant à commettre un coup d’État institutionnel. Car comment les macronistes peuvent-ils gouverner avec une minorité encore plus faible que celle de 2022 (168 sièges contre 182 pour le NFP) ?
Si Macron s’engouffre dans cette voie il convient de convoquer l’histoire sur “comment le 1er centre extrême a pris le pouvoir en France”. Cette prise de pouvoir est celle du Général Vendémiaire
C’est durant la période révolutionnaire : la convention vote la mort du roi en Janvier 1793
La condamnation à mort, voulue par la Montagne, l’emporte (de peu : 366 voix contre 321 pour la détention et 34 pour la mort « avec sursis », la Plaine (le marais) notamment Barère, se ralliant à Robespierre contre les Girondins.
Suite à la mort du roi, les Montagnards décapitent les Girondins. Les Girondins sont issus de la bourgeoisie et souhaitent une politique modérée et fédérale (décentralisée).
Les Montagnards pour lutter contre la coalition des royaumes imposent une dictature avec le comité de salut public.
Après ce 1er échec des modérés comment c’est instauré l’extrême centre ? Le siège de Toulon dure de septembre 1793 a décembre 1793. Bonaparte, en ayant vaincu les Anglais et les royalistes, devient général.
En Juillet 1794 (9 Thermidor an III) Robespierre est guillotiné, les députés du Marais ayant peur pour eux-mêmes de subir le même sort que les Girondins. C’est la victoire du centre révolutionnaire
Le 13 vendémiaire an IV (5 oct. 1795) Bonaparte sauve la convention thermidorienne par la canonnade de l’insurrection royaliste devant l’église St Roch à Paris.
Le Directoire dure du 26 octobre 1795 [4 brumaire an IV] jusqu’au 9 novembre 1799 (18 brumaire an VIII).
Bonaparte s’empare du pouvoir le 18 brumaire en tant que 1er consul suite à la campagne d’Egypte.
Il défend une république bourgeoise extrême.
• Il rétablit l’esclavage le 20 mai 1802 (30 Floréal an X) aboli par Robespierre et l’abbé Grégoire en 1794.
• Il institue l’incapacité juridique des femmes, et confirme le droit de propriété par le code civil en mars 1804 (code Napoléon).
• Il confirme la loi Le Chapelier de 1791 (interdiction des corporations donc syndicats).
• Il impose le livret ouvrier en déc. 1803.
Le livret ouvrier sera supprimé en 1890 et la création de syndicats sera autorisée seulement par Waldeck Rousseau en 1894.
Surtout il renforce son pouvoir personnel le 2 décembre 1804 en se sacrant lui-même Empereur.
On voit comment le Général Vendémiaire renforce l’appui de la bourgeoisie à son pouvoir personnel.
Seul ses échecs durant la retraite de Russie (suivi par la bataille de France) et Waterloo mettent fin à sa dictature.
En rappelant les mesures législatives en faveur de la bourgeoisie, on voit comment le Général Vendémiaire renforce l’appui de la bourgeoisie au profit de son pouvoir personnel.
On peut craindre que Macron s’inspire plus du bonapartisme que du droit de véto de Louis XVI.
Depuis le début de son mandat en 2017, Macron se promène sur une ligne à la frontière entre démocratie et totalitarisme, franchissant de temps en temps quand il en a besoin pour imposer sa volonté. Rappelons que son premier acte politique en 2017 a été de tordre le bras des médias en soumettant leur possibilité d’accréditation auprès de l’Élysée à l’acceptation de ses “désidératas” (sauf les médias audiovisuels qui, dès le début de sa campagne, lui étaient déjà acquits).
Macron n’est pas réellement un centriste, s’il a choisit le centre comme univers politique c’est parce qu’il y a vu une opportunité. En effet depuis Giscard d’Estaing, le centre n’était qu’une force d’appoint pour la droite ou la gauche, et ne parvenait pas seul à accéder au pouvoir “suprême”. Économiquement, son inspiration est très ultralibérale, et politiquement assez autocratique. Le centre qui est composé de plusieurs petits partis, lui permet en les rassemblant, de régner sur eux en distribuant ses faveurs.
Mais il est aussi parfois un populiste qui navigue à vue, au gré des enquêtes d’opinions. A le voir échanger, on comprend qu’il cherche avant tout à séduire, à envouter, voir même à phagocyter tel un gourou.
En résumé, Macron n’est pas un centriste, pas vraiment un démocrate, pas tout à fait un populiste, mais assurément un opportuniste ayant des tendances autocratiques.