Vous avez dit Nouveau Front Populaire ?

Il y a incontestablement quelque chose qui se passe et favorise le passage de mouvements éparses à la politique. Mais je crois qu’on ne prend pas suffisamment en compte que si le RN a fait le score qui a été le sien, c’est en grande partie lié au fait que durant 40 ans la gauche a déçu conduisant soit à l’abstention soit à pire. Si on veut aller au-delà des convaincus, il est nécessaire de penser à l’état d’esprit de celles et ceux qui se sont abstenus.

Notamment sur deux plans.

1. Pour beaucoup la désillusion conduit, soit à la quête d’un grand chef (RN) soit le plus souvent, au désappointement de n’être entendu qu’à la veille d’une élection pour être oublié dès le lendemain. Ne doit-on pas alors changer profondément les rapports élu·es/citoyen·nes ? La conduite des affaires sera-t-elle partagée entre mouvements et porte-paroles institué·es ou ces mouvements sociaux viendraient seulement comme soutien à celles et ceux qui seront « en haut » ?   Dans ce domaine, la campagne surtout si elle est brève devrait commencer à servir d’exemples : considérons que le programme n’est pas achevé et que le rôle des gens ne se limite pas à transmettre avec leurs petites mains ce qui leur vient d’en haut.
2. Promettre de répondre aux revendications et annoncer des taxes et une fiscalité plus juste à l’égard des plus riches est positif mais ne suffit pas. Ne pas annoncer suffisamment explicitement s’en prendre aux dividendes du CAC 40 n’annonce pas qu’on s’en prendrait structurellement au capital. Cela permettrait d’être plus précis et démonstratifs. C’est à la fois une question de moyen financier pour appliquer ce programme et de savoir qui fait la loi : les actionnaires ou le Front Populaire ? Attention c’est sur les moyens de mettre en œuvre que les hésitants nous attendent. La gauche au gouvernement a trop souvent dit qu’elle était d’accord avec les demandes mais qu’elle n’avait pas les moyens financiers (on se souvient de François Holland déclamant qu’il n’avait qu’un adversaire : les puissances d’argent… on se souvient aussi de la suite). Ajoutons que la moitié des salariés travaillent dans des PME et peuvent craindre qu’on épuise leur entreprise. Viser le CAC 40 a le mérite de ne pas faire du mot « entreprise » un mot valise permettant de noyer le poisson.

L’attention et l’envie d’autre chose des citoyen/es sont telles, qu’en peu de jours, un langage et une manière de se comporter peuvent être suivis d’effet.