Thomas Coutrot, dans un document de travail de l’IRES, analyse l’influence des conditions de réalisation du travail sur les comportements électoraux et les rapports à la politique. Ses travaux montrent que le travail a le bras long, car « la manière dont il est concrètement organisé sur les lieux de travail contribue à déterminer les comportements civiques, et en particulier les orientations électorales des personnes ».
Quatre dimensions sont identifiées, l’autonomie opérationnelle, la capacité d’expression sur le travail, la pénibilité physique, le travail de nuit ou tôt le matin, ces deux dernières étant corrélées avec un vote RN plus important. Un vote aussi nettement associé au déficit d’expression dans le travail, au pouvoir incontesté de la hiérarchie.
L’auteur en déduit : « ces résultats suggèrent que des politiques publiques visant à améliorer le pouvoir d’agir des salariés.es dans leur travail pourraient avoir des impacts substantiels sur la santé démocratique du pays », l’étude montrant qu’une hausse de 10% de salariés accédant à des espaces d’expression sur le travail pourrait réduire de 10 à 30 % le vote pour l’extrême droite.
Si les limites de cette étude se heurtent au manque de recul historique, les conditions d’exercice de la démocratie au travail ayant peu été corrélées avec les votes, mais plutôt par catégories sociales. Mais elle présente le grand intérêt de s’intéresser à ce qui constitue un trou noir, le pouvoir des salarié-e-s sur leur travail, sur la réalité de son exercice et les conséquences de la transformation néolibérale des organisations. En rappelant qu’on ne peut imaginer une société démocratique sans capacité à agir sur son travail, sans démocratie dans les entreprises !
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