Horizons d'émancipations.

Une série de dossiers. pour mieux (se) comprendre.

Le bénévolat moins gratuit qu’on ne le pense

Le bénévolat que l’on peut définir comme une prestation qui n’implique pas de rémunération (et donc non rétribuée ?) répondrait donc bien à la définition de gratuité.

Pour donner la mesure du phénomène en France, il y a entre 12 et 14 Millions de bénévoles qui rendent des services équivalent à 820 000 temps pleins et 12 à 17 millions d’euros…

Il s’agit donc de services non marchands correspondant à ce que l’on entend par valeur d’usage c’est-à-dire mesurée à son utilité (qui est en l’occurrence incontestable) mais n’est pas sur le marché..

Pourquoi et comment penser alors que le bénévolat n’est pas gratuit ? N’y a t-il pas là un paradoxe ou une contradiction ? 

Sachant que 51% des retraités sont bénévoles, j’ai mené une enquête[1] auprès d’une quinzaine de retraités bénévoles dans des secteurs très différents tels que l’éducation, le domaine artistique, le social, et même le militantisme politique… La diversité des engagements et des possibilités d’agir est frappante. L’idée étant de mesurer l’intérêt qu’en tirent les bénévoles et ce que cela leur rapporte. Ce qui en quelque sorte interroge le sens du terme rétribution.

On constate que la retraite et la fin de vie professionnelle entraînent ruptures de trajectoires et  pertes de repères en termes de statut social, de liens sociaux et de reconnaissance sociale …Que le passage à la retraite provoque des ruptures biographiques pouvant entraîner des problèmes d’identité, de représentation de l’image de soi, d’estime de soi et de vision du monde… et que le retraité ne peut plus compter que sur ses propres ressources personnelles pour s’adapter et s’ajuster aux transformations du monde.

Justement : les activités bénévoles, militantes et associatives permettent ces nécessaires reconstructions de soi, elles offrent aux retraités la possibilité de retrouver des repères, de se sentir utile à la société, de nouer des liens sociaux et des appartenances et d’éviter le repli sur soi.

L’engagement bénévole, de l’altruisme et du souci d’autrui au souci de soi permet aux retraités la reconstruction de soi, des relations sociales et des appartenances, bref de s’approprier leurs existences et de leur donner du sens !!

Ne sommes-nous pas dans un effet de don et contre don entre les individus et la société, ceci ne répond-il pas à la définition de la valeur d’usage et de l’intérêt ? N’est-ce pas une rétribution ? Et cela ne nous permet-il pas d’affirmer que le bénévolat ne relève pas seulement de la gratuité ?

Bénédicte Goussault

[1]  Que faire de sa retraite. Une vie à inventer B. Goussault éditions de l’atelier 2015

Cet article fait partie du dossier :

Horizons d'émancipation

Le continent des gratuités

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