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Ah! le pouvoir!

Dans la récente rencontre entre Yannis Youlountas et Pierre Zarka (vidéo publiée dans Cerises) une petite chamaillerie est intervenue entre les deux interlocuteurs : “Pourquoi tu parles de Pouvoir, Pierre?” interroge l’anarchiste. “Non, Yannis, je ne parle pas du substantif, mais du verbe : pouvoir faire” lui répond le marxiste. Évidemment, les deux interlocuteurs sont tombés d’accord sur cette acception. Et, évidemment, encore, Cerises s’y retrouve dans cette façon de voir.

Mais revenons au substantif : le “Pouvoir” si cher à une très grande part du monde politique institutionnalisé, notamment des partis politiques en compétition pour le gagner (le Pouvoir) voire pour le prendre un beau soir ou un matin ensoleillé.

Chacun voit bien que le mot (ou en tous cas, ce qu’il représente) et la compétition qu’il implique, sévissent dans d’autres domaine : l’économie (dans l’entreprise et au-delà notamment, par exemple, dans les rapports Nord/Sud) dans la vie associative ou syndicale, et… dans le quotidien, jusque dans l’intimité des couples ou des rapports femmes/hommes.

MeToo et tout ce qu’il a révélé, tout ce qu’il a produit de réactions, d’encouragements, de prises de conscience, de dénonciations, ont posé, eux aussi la question du Pouvoir.

“Nous n’avons pas su voir” titrait Télérama cette semaine.

Nous n’avons pas su voir que lorsque, par exemple, Benoît Jacquot contrôlait au quotidien ce que mangeait sa “protégée”, lui interdisait de prendre des contraceptifs, c’est un mot cousin de “pouvoir” qui est à la manœuvre : “emprise”, Un mot, souvent utilisé dans les récits des femmes qui s’expriment sur leur vécu.

L’anthropologue Pascale Jamoulle, auteur de Je n’existais plus – Les mondes du contrôle et de la perte (éd. La Découverte), a travaillé sur ce terme : “l’emprise” . Pour elle, cela évoque le totalitarisme. « Ce qui m’a le plus aidé à comprendre comment cela fonctionne, c’est en réalité la métaphore du système totalitaire stalinien. C’est comme un système de nœuds, un filet qui se resserre progressivement autour de la personne. Ces nœuds vont se traduire à un instant donné par une prise de possession de la personne, de sa vie économique, de sa vie psychologique et de son corps. ».

Judith Godrèche parle aussi de “nœuds” qui se resserrent.

Pourtant, elle est bien trop jeune pour avoir connu Papy Joseph.

André Pacco

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