Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Tricoteurs de liens

Hoc Momento cherche à inventer un monde où la communauté pourrait voir incarnés ses propres mythes, dans une épopée moderne et joyeuse. Il y a un rêve de tréteaux et de scène shakespearienne, d’agora et de procession carnavalesque. Le fantasme d’un théâtre ouvert à tous les vents où pourraient venir Reine de France ou simple badaud, et où tout le monde ressortirait bouffon. La création laisse place à un territoire de rencontres : enfants, retraités, étudiants, habitants des quartiers ou même passants simplement curieux. La création est participative et s’écrit au fur et à mesure des surprises de l’in situ, de l’imprévu de ces échanges.

Comment l’artiste peut-il s’inscrire dans la ville ? Son rôle pourrait-il être celui d’un passeur, qui tricote des liens et relie les individus ? Interpellés par ces questions, les artistes de la compagnie d’Hoc Momento ont décidé d’explorer la pratique d’un théâtre hors les murs, ancré dans le présent, issu des problématiques liées au territoire d’intervention. Fondée en 2015 par des chercheurs de l’Université Paris 8 et des artistes de différents horizons, Hoc Momento implique la population locale dans des créations collectives où musique, chant, danse et théâtre à se déploient pour tous,  passant occasionnel ou spectateur averti.

Après ses premières résidences au Brésil, la compagnie est accueillie par Mains d’Œuvres pour occuper la friche « Espace Imaginaire », sur le quartier de la Montjoie, à Saint-Denis. Elle entame en 2017 un processus participatif impliquant des habitants, des étudiants et des artistes. “Montjoie! Saint-Denis!” fable satyrique confrontant l’histoire de la ville avec ses transformations à l’approche des J.O, sera travaillée et jouée quatre ans, présenté 20 fois dans différents espaces non-dédiés (place de la Basilique, Musée d’art et d’histoire, Campus Condorcet, friches, tiers lieux, etc.), rassemblant plus de douze associations dionysiennes impliquées dans la création, et une centaine d’habitants. Hoc Momento s’ancre alors sur la ville de Saint-Denis, et plus largement dans le département du 93 avec du théâtre au lycée, des échanges avec des artistes de « théâtre d’habitants » d’Amérique Latine, un partenariat avec le Campus Condorcet, une parade musicale et festive, des ateliers d’écriture qui mélangent le public de la Maison des Seniors et des collégiens autour d’une œuvre commune.

Depuis 2021, la compagnie interroge la place des femmes dans l’espace public. « Le Marteau des Sorcières », spectacle sur la figure de la sorcière, est construit à partird’ateliers d’écriture auprès de différents publics que ce sujet a particulièrementinspiré. Il confronte avec humour le point de vue de plusieurs personnages : desactivistes écoféministes, un charlatan du Web, un policier assermenté et un machisteavéré. Au-delà des mots, une place importante est accordée au chant collectif quiclôture le spectacle dans un cercle ouvert aux spectateurs. Comme une invitation à sedonner la force, ensemble, de rêver le monde.

Prochaine étape : Hoc Momento organise un stage de recherche-création autour du récit. Quels sont les souvenirs qui accompagnent la naissance ? La naissance d’un être, bien sûr, mais aussi d’une œuvre ou d’une idée. Quelles paroles, quelles couleurs, quelles douleurs, quels chants entourent ce moment unique de l’accouchement ? Au cours d’une semaine d’ateliers, nous irons interviewer collègues, ami.es ou passant.es afin de récolter leurs mots. Nous donnerons corps à la parole et tenterons de la partager.          

« Récits de naissance /Naissance du récit » : stage tout public et gratuit. Du 15 au 19 avril 2024 au Campus Condorcet (Espace associatif et culturel 13 cours des Humanités à Aubervilliers). Une restitution publique clôturera le stage.

Louise Roux et Mathylde Rio

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