Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Quand du théâtre veut transformer le réel…

A Saint-Denis, le maire (PS) vient de décider de faire déguerpir la Compagnie Jolie Môme[1], qui bénéficiait d’une convention avec la ville et depuis près de 20 ans animait le théâtre de la Belle Etoile et quelques initiatives fort militantes. Théâtre d’agit-prop ? Jolie Môme n’est pas forcément considérée comme du « vrai » théâtre par certains de ses confrères. Agitation, propagande, manque d’esthétique, les soutiens théâtreux ont d’ailleurs été limités, à l’exception notable d’un engagement fort d’Ariane Mnouchkine.

Doit-on en conclure qu’à côté de la césure ancienne entre théâtre subventionné, public, et privé, il y aurait du fréquentable et du faux frère ? Que le spectacle vivant, même hors les murs, devrait s’astreindre à une certaine norme ? A ne pas se confondre avec un tract syndical ou une intervention à la Bastille ?

Peut-être comme dans bien des actions publiques, faut-il considérer qu’il y a du « descendant », produit par des professionnels, pour des spectateur.trice.s. Et des interventions dans l’espace public, faisant plus ou moins fortement appel à participation du public. Voire alpaguant la réalité pour la secouer, un art situationniste, mis au service d’une remise en cause, d’une transformation du réel, quitte à brouiller des formes artistiques : le théâtre de rue est-il du théâtre de plein air ou une intervention de rue ?

Ainsi Jolie Môme déclare aux Utopiques[2] : « La rue est devenue un lieu de rencontre de ces nouveaux publics, grâce au spectacle de chansons qui permet de séduire et d’attirer dans les théâtres des spectateurs qui n’y seraient pas venus naturellement, rebutés par l’image institutionnelle du théâtre ».

Chacune à leur manière, Hoc momento et CôtéAct, théâtre forum, nous font partager cette singularité, exemples à l’appui.  La compagnie Le Pas de l’Oiseau qui fête sa vingtaine, relève aussi de ce « théâtre d’intervention », celui qui gratte, qui interroge, qui bouscule. Il ne s’agit pas d’opposer des formes entre elles. Pour faire commun, la culture ne peut être uniforme, aseptisée, normalisée. Sans doute la nouvelle ministre ne l’entend-elle pas de cette oreille… Il faudrait bien plus que ces pages pour compléter le sujet. CERISES LA COOPERATIVE attend vos réactions et contributions.

De Brecht à Mnouchkine, le théâtre n’est pas un soporifique.

Patrick Vassallo

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