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Nicaragua : la fuite en avant

Le Collectif de solidarité avec le peuple du Nicaragua vient d’éditer une brochure de 20 pages, faisant le point sur la situation dans ce pays. Comment est-on passé en 40 ans d’une révolution à une dictature ? Le Collectif de solidarité avec le peuple du Nicaragua (CSPN) essaie de répondre, notamment en donnant la parole à d’ancien∙nes dirigeant∙es sandinistes aujourd’hui dans l’opposition à Daniel Ortega, et fait le point sur la situation aujourd’hui : opposition divisée et répression féroce du régime. La brochure de 20 pages est disponible sur commande : [email protected] (coût : 2€)

Extraits :

Il y a cinq ans, le Nicaragua connaissait une véritable insurrection civique, mobilisant des centaines de milliers de personnes dans les rues. Le déclencheur en a été une contre-réforme des retraites imposée par le FMI ; à la suite de la répression violente d’une manifestation de retraité.es, les étudiant∙es se sont mobilisé.es dès le lendemain. La répression s’est alors déchaînée contre eux, entraînant une mobilisation de toute la société.

Bien au-delà de la question des retraites, la contestation s’est attaquée à la corruption et au pouvoir absolu du couple présidentiel. Lasse du pouvoir autocratique exercé par Daniel Ortega depuis son retour au pouvoir en 2007, la population exigeait son départ et la restauration de l’état de droit. Au prix de plusieurs centaines de morts, de milliers d’arrestations et de centaines de milliers d’exilés, le pouvoir a obtenu une apparence de retour à l’ordre. Et il s’est employé depuis l’automne 2018 à renforcer son pouvoir coercitif et à annihiler toute forme d’opposition.

Une série de lois liberticides ont été adoptées pour cela, qui ont permis de décapiter l’opposition et de « nettoyer » le terrain en vue des élections présidentielles et législatives de novembre 2021, ainsi vidées de toute légitimité. En février 2023, 220 prisonnier∙es d’opinion ont été libéré∙es, aussitôt expulsé∙es du pays et déchue∙s de leur nationalité. Depuis, les prisons ont de nouveau commencé à se remplir : plus de cinquante prisonnier∙es sont embastillés. Les accusations de « traîtres à la patrie » pleuvent sur les contestataires, toutes les sensibilités politiques sont touchées, y compris d’anciens dirigeant∙es de la révolution. Le simple fait d’avoir donné de l’eau à des manifestant∙es, ou, pour les médecins, d’avoir soigné des blessé∙es vous rend complice d’un « coup d’État ». Cet été, la UCA (Université centraméricaine réputée) a été fermée et ses locaux évacués, laissant ses personnels, universitaires et étudiants à la rue.

Ce n’est plus une révolution mais bien une contre-révolution orchestrée par le couple Ortega-Murillo. Actuellement il n’existe plus de journaux ou de médias indépendants. La prison ou l’exil sont les seuls choix proposés par la dictature aux « fils de pute des impérialistes yanquis » (dixit Ortega). La déchéance de nationalité est de rigueur et donc la perte de leur retraite par exemple pour les expulsé∙es. La prison « el Chipote », tristement célèbre sous Somoza, n’a jamais cessé d’emprisonner et de torturer. La population est surveillée par des paramilitaires. Les fonctionnaires sont obligé∙es de participer aux manifestations de soutien à la dictature sous peine de perdre leur emploi.

En donnant la parole à des Nicaraguayen∙nes engagé∙es dans la lutte contre la dictature, le CSPN souhaite nourrir la discussion en montrant que ce gouvernement n’est en rien de gauche, anticapitaliste ou antiimpérialiste, même si les discours de Daniel Ortega et de sa femme prétendent le contraire.

Sommaire

Le CSPN – Éditorial – La dérive – Une ex-guérillera sortie de prison – Ortega ou l’enterrement de la révolution – Les gauches latino-américaines face à la crise nicaraguayenne – Orthodoxie et oligarchie – Où en est l’opposition nicaraguayenne ? – Poème de Gioconda Belli

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