Kauna Malgwi, 29 ans, a été du jour au lendemain virée de l’entreprise sous-traitante de Facebook. Son travail consistait à signaler les contenus qui violaient le « code de déontologie» de Facebook. Elle commençait généralement sa journée à 7 heures du matin, passant au crible des milliers de posts quotidiens. Brownie, jeune Sud-africain, a, lui, été embauché par l’entreprise de San Francisco pour travailler au centre de Nairobi et a été aussi brutalement licencié. Avec plus de 184 salariés de Sama, il a décidé d’attaquer en justice Facebook, ce qui en fait la plus importante action judiciaire menée par des modérateurs. Après des années de brimades et d’intimidations de la part des grandes entreprises technologiques, les modérateurs disent : « notre travail compte, nous en avons assez d’être traités comme un sale secret, et ensemble nous pouvons forcer le changement ».
Le 1er mai dernier, Malgwi faisait partie des quelques 150 professionnel·les de toute l’Afrique qui se sont réunis à Nairobi pour s’engager à créer l’Union des modérateurs de contenu africains. Cette initiative a pour but de négocier collectivement de meilleures conditions d’emploi et de travail avec les entreprises sous contrat avec des sociétés telles que Meta, ByteDance (TikTok) et OpenAI. Cette initiative est considérée comme une étape décisive, les précédentes tentatives de syndicalisation des modérateurs en Afrique ayant échoué.
Patrick Le Tréhondat
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