Cibler des faits du quotidien, cartonner des habitudes, relever des incohérences, l’auteur ne se prive pas de formules mordantes, choc, visant à faire réagir, simplifiant sans doute le réel mais tapant quand même juste. Ce pavé littéraire fait-il mal à la tête ? Il brosse en tous cas une critique acerbe de nos vies modernes, laissant parfois (trop souvent ?) indemnes ou inattaquées les institutions et autorités, publiques comme privées…
La lecture nerveuse, rapide est plutôt agréable et vive. On se laisse prendre, captiver ; interroger. Beur des quartiers populaires (du 94), l’auteur sait de quoi il parle. Les aspects autobiographiques ne manquent pas. Il raconte ainsi comment la femme « hijabée » (sa femme, en fait) s’est désocialisée en cinq ans. Quelles « dérives » peuvent entraîner des réflexes anti discriminations pourtant légitimes. Pointant notamment le racisme, les racismes, il souligne à juste titre les inversions incohérentes qui font perdre le sens d’une réaction, d’un combat.
Mais cet ensemble laisse une odeur un peu âcre. Sa proximité avec Houellebecq se conjugue à un défouraillage en tous genres qui ressemble par trop à Hanouna. « Faire chier », dit-il. Cela justifie-t-il la recherche du succès ? La promotion que France Inter et bien des médias font du livre le justifierait. A tout prix ? Pour quel objectif ?
Patrick Vassallo
Les meufs, c’est des mecs bien, Mourad WINTER, éditions Clique, 2023, 336 pages , 20 €
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