Polynésie Kanaky du neuf dans le Pacifique

La liste indépendantiste du Tavini Huiraatira, menée par le leader historique Oscar Temaru, avec à ses côtés le député Moetai Brotherson, a remporté les élections territoriales en Polynésie française. Le parti  bénéficie d’une large majorité qui a élu  Moetai Brotherson à la présidence de la Collectivité d’Outre-mer.

Après 10 ans de gouvernance autonomiste, Gaston Flosse en 2013 puis Édouard Fritch en 2014, les indépendantistes signent une victoire historique, après celle des Législatives de juin 2022, et s’octroient 44,32% des suffrages exprimés ce 30 avril  2023

On imagine que l’arrivée des indépendantistes aux affaires en Polynésie modifiera les relations avec Paris. C’est ainsi que dans le contexte de discussions institutionnelles sur la Nouvelle-Calédonie, les indépendantistes kanak, peuvent désormais compter sur des alliés polynésiens bien installés dans l’autre Collectivité du Pacifique. Les deux territoires sont par ailleurs inscrits sur la liste onusienne des territoires à décoloniser, et les indépendantistes polynésiens espèrent désormais que la métropole participe aux débats à l’ONU concernant leur territoire, comme le gouvernement le fait pour la Nouvelle-Calédonie.

Avec leurs Assemblées Territoriales toutes deux majoritairement indépendantistes, les 2 territoires  française Polynésie et Kanaky-Nouvelle Calédonie, ont installé une situation nouvelle qui met à mal la stratégie macronnienne d’ « axe Indo-Pacifique »  destinée à contrer, sans rire, la montée en puissance de la Chine. Toujours sur cet axe Indo-Pacifique, il faut noter que les deux îles sont à elles seules 51% de la Zone Économique  Exclusive de la France. Leur solidarité rend désormais crédible une sortie du système néocolonial. Par ailleurs le système des blocs se fissure et donc on imagine mal les indépendantistes  Polynésiens  et Kanaks mettre en cause l’annonce de la Russie d’offrir son aide à Madagascar pour récupérer les îles Éparses, quand dans le même temps l’opération d’expulsion massive de citoyens comoriens de l’île de Mayotte enclenche une large réprobation de la communauté internationale.

Catherine Destom Bottin