Quelle est la différence entre Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahou ? Le premier exclut de reculer sur la réforme des retraites, alors que le second a suspendu – provisoirement – celle de la justice.
Les enjeux, il est vrai, ne sont guère comparables. La Cour suprême israélienne tient lieu à la fois de Conseil constitutionnel, de Conseil d’État et de Cour de Cassation : permettre au gouvernement de peser décisivement sur la nomination des juges et donner le dernier mot à la Knesset, ce serait un véritable coup d’État.
C’est pourquoi des centaines de milliers d’Israéliens de toutes sensibilités n’ont cessé d’envahir les rues des principales villes depuis le début de l’année – certes pas pour la Palestine, mais pour la démocratie. Même les soldats et les réservistes menacent de refuser de servir. D’ailleurs, à en croire les sondages, les deux-tiers de la population s’opposent à ce putsch. Et en cas d’élections anticipées, l’actuelle coalition serait battue.
Aux risques intérieurs s’ajoutent les risques extérieurs, alimentés par la répression antipalestinienne et les violences sur l’Esplanade des mosquées. La Maison Blanche se rebiffe au point de reporter aux calendes la visite de Netanyahou, que l’Élysée s’était empressé d’accueillir. Même les dirigeants arabes signataires des Accords d’Abraham protestent contre les provocations du gouvernement. Et la représentante d’Israël au sommet de l’Union africaine a été expulsée manu militari.
Quand bien même le Premier ministre chercherait des compromis, encore faudrait-il faire avaler ces couleuvres à ses alliés, ultra-orthodoxes comme suprémacistes. Pour reconquérir la direction du gouvernement et échapper à son procès, Netanyahou est devenu l’otage des extrémistes religieux et nationalistes.
Ainsi, pour élargir sa marge de manœuvre, -t-il a offert aux suprémacistes une nouvelle guerre de Gaza et aux ultra-orthodoxes… une rallonge budgétaire !
Dominique Vidal
journaliste et historien, auteur de Israël : naissance d’un État (L’Harmattan, 2022).
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