Le travail démocratique 

Dès les premières lignes de l’introduction, l’auteur plante le décor : « Ce livre défend une thèse simple : si nous voulons radicaliser la démocratie, nous devons aujourd’hui prioritairement démocratiser le travail. » 

En effet, il affirme que la démocratie ne peut pas s’arrêter aux portes de l’entreprise. Or, dans le système capitaliste, ne sont décideurs des choix stratégiques que les principaux actionnaires. Les travailleurs sont tenus par un lien de subordination et bien souvent n’interviennent pas dans les décisions. Il y a donc, selon Alexis Cukier, un lien étroit entre la démocratisation de la société et la démocratisation du travail. Repenser en profondeur notre système productif, c’est donner pleinement sens au travail pour sortir de ce que Marx appelait le « travail aliéné ». 

Cet ouvrage très fouillé approfondit la réflexion marxiste sur le travail. Il est découpé en quatre grandes parties : 1) Critique démocratique du travail, 2) Deux paradigmes pour un travail démocratique 3) Enjeux politiques du travail. Dans une quatrième partie, l’auteur travaille sur des expériences innovantes qui ont tenté de rompre avec la domination capitaliste. La notion « travail » doit être revisitée, car le travail ne peut se réduire au temps passé dans l’entreprise. Il importe donc que les travailleurs s’accaparent le contenu du travail, en relation permanente avec l’ensemble de la société qui a son mot à dire quant-aux choix à faire. C’est une rupture radicale que propose l’auteur, en explorant des pistes pour ouvrir le débat.

Daniel Rome

Le travail démocratique, Alexis Cukier, Éditions Actuel Marx PUF, Décembre 2017, 241 pages, 24€