Edito.

L’Humeur de la rédaction.

« Renverser » la table ou sinon…

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La montée d’une situation pré fasciste caractérise le moment, en France, en Europe, comme dans le monde. Orné des oripeaux du conservatisme « classique », flirtant avec la félonie (Trump, Bolsonaro, Dutertre), les résultats électoraux, à l’exception de l’Amérique latine sonnent le tocsin. Mais dans les sociétés elles-mêmes la remise en cause des droits, les exactions contre l’IVG, l’ordre moral ou le goût de l’Ordre se conjuguent à une emprise religieuse non négligeable. 

La brutalité d’une mondialisation payée par les peuples, la chape de plomb d’une pensée unique qui anesthésie le débat public, le sentiment d’un irrespect généralisé, ont exacerbé une colère attisée par la faillite des gauches de gouvernement.

Le racisme constitue un terreau fertile à cette peste brune. En Suède, le 1er responsable d’extrême-droite (PDS) déclare après sa victoire «  il nous faut maintenant lutter contre les étrangers et restaurer l’État providence ». En Italie Meloni (26%) arrive à 44% avec les autres partis de droite ; personne ne peut « neutraliser » les 5 étoiles. Le décor est planté. 

L’antifascisme « moral » se révèle inefficace. La crise du capitalisme est au fondement du mouvement. Le Capital a besoin d’une restriction massive des libertés. L’affaiblissement des syndicats et l’atomisation du camp du Travail ne lui suffit pas. Les journées des 28 et 29 septembre en France ont montré une mobilisation non négligeable mais qui ne dépasse pas le cercle militant.

Le poids de la peur dans ce contexte vaut toutes suggestions. Peur de l’Autre, peur des lendemains de misère. Le boomerang des 30 glorieuses quand elles ne bénéficient plus à la grande masse est redoutable. La gauche qui continue de prôner le toujours plus, la consommation et l’auto et la maison pour chacun-e n’a rien compris. 

L’écart entre la situation du pays – réel – et de la population est béant. Il alimente les clivages quand on voit la « démission » (idéologique) des responsables syndicaux et politiques. Incapables de comprendre que seule une rupture radicale avec le capitalisme mondialisé et ses mécanismes – économiques, sociétaux, politiques – portée par le plus large rassemblement ouvre un avenir.

Le « gloubi-boulga » des appareils « de gauche » est mortifère quand ça cause travail, indigent et régressif sur les questions de genre, hors-sol quant aux énergies… pour finir si timorés devant l’affrontement nécessaire avec le capital. N’en jetez plus.

            Face à la fuite identitariste, seul un appui solide sur les alternatives existantes, permettra de « renverser » la table et d’inventer collectivement l’espoir.           

Patrick Vassallo

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