Les élections présidentielles 2022, au premier comme au deuxième tour ont été marquées par un fort taux d’abstention. Au 1er tour près de 13 millions de personnes ont boudé les urnes 26% soit 4 points de plus qu’en 2017. Pour le 2ème tour c’est pratiquement 34% d’électeurs et électrices qui, soit ne se sont pas déplacé.e.s ou ont voté blanc ou nul. Ces chiffres loin de prouver un désintérêt pour la politique montre que des millions de français.e.s ne croient plus au système électoral pour changer leur vie. Cela mériterait bien sûr une analyse plus approfondie car l’abstention est forte dans les campagnes avec un regain de vote pour l’extrême-droite et aussi dans les banlieues ouvrières.
Ces élections ont aussi été marquées par une recomposition politique autour de 3 pôles à peu près équivalents : la droite, l’extrême-droite nationaliste et xénophobe et la gauche (LFI, PC, EELV, NPA, LO et PS) chaque pôle autour de 32%.
Les 22% réalisés par Jean Luc Mélenchon sont inespérés et conforte l’idée qu’en France un électorat proche de la radicalité politique existe et rejette à la fois la politique mise en œuvre par Macron et l’extrême-droite xénophobe. Ils/elles placent J-L Mélenchon en leader de la gauche de transformation, les autres partis faisant moins de 5%. Une partie de la jeunesse et des quartiers populaires s’est déplacée, signe d’un regain d’engagement électoral. L’atout de Mélenchon est d’avoir permis à une partie de la gauche de se mobiliser et de retrouver de l’espérance en l’avenir. La France Insoumise s’ancre durablement sur tout le territoire et plus particulièrement dans les grands centres urbains et prend la place électorale qu’occupait jadis le PCF. La question se pose maintenant de savoir comment la FI va négocier avec ses alliés potentiels pour les législatives : imposer sa toute-puissance au risque de perdre ou « arrondir les angles » pour créer une véritable dynamique populaire qui imposerait d’autres choix au président nouvellement élu. La politique en sortirait grandie et éviterait au PCF d’aller à Canossa.
Les finalistes du 1er tour
Macron, 41% des plus de 70 ans lui ont accordé leur voix, contre 13% à Marine Le Pen. Le sortant remporte 35% des voix des cadres, 28% des professions intermédiaires. 35% de ses électeurs touchent plus de 3000€ net mensuels. 53% d’entre eux sont issus de milieux aisés ou privilégiés.
E.M. rassemble 39% des électeurs de François Fillon au 1er tour de la présidentielle 2017. Les électeurs de M.L-P : 69% ont placé le pouvoir d’achat, avant l’immigration (55%). Ils ont les revenus les plus bas : 31% des votants MLP touchent moins de 1250 euros net par mois. 30% d’entre eux bouclent à peine le budget. 36% sont des employés, 36% des ouvriers. L’électorat M.L-P est peu diplômé, (35% n’ont pas le baccalauréat), jeune (26% ont moins de 25 ans). C’est cependant dans la tranche des 35-59 ans que M.L-P arrive en tête (58%) parmi tous les candidats.
Ces résultats sont dans le cadre de la 5ème République, le succès des forces capitalistes néolibérales. Macron casse simultanément l’école, la santé, la retraite. Il orchestre ce qui pourrait s’apparenter à un racisme d’état. M.L-P ne bouge pas un cil contre l’appauvrissement, la fragilisation des parcours de vie, l’extrême précarisation du travail.
PC et PS sont démonétisés, les Verts sont sourds aux aspirations populaires. Le pouvoir macroniste semble légitimé puisqu’il rassemble toutes les forces politiques qui font de lui leur bouclier « anti fasciste ».
Bouclier « antifasciste » ? Quid de l’épisode Zemmour si ce n’est que son installation puis son gonflement médiatique ont relooké Marine Le Pen et parachevé la « dédiabolisation » du RN, et installe la possibilité d’un moment fasciste.
Restait alors à sommer les couches populaires de déposer dans l’urne un bulletin Macron-rempart.
Catherine Destom Bottin
Daniel Rome
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