C’était le thème, le 30 novembre dernier, de la rencontre-débat organisée par le réseau « Se fédérer pour l’émancipation ».
Les personnels hospitaliers sont engagés dans une lutte de longue haleine contre les effets catastrophiques pour eux-mêmes et les patients de la politique de casse des services publics. Interrogeons notre médecine essentiellement réparatrice et guère préventive. N’est-il pas temps que chacun puisse agir sur soi et son environnement ? Cela désigne les combats nécessaires quant aux conditions de travail, aux risques sanitaires industriels et agricoles, à la qualité de l’environnement.
Santé, pour des luttes victorieuses ? Les personnels peuvent-ils reprendre la main sur leur travail où en arracher les moyens financiers, quels objectifs pour trouver l’argent nécessaire et financer les besoins, soignants et patients, quelles solidarités ? Santé et en souffrance comme l’ensemble de la société, alors, quelles convergences ? Pour avancer passerons-nous le relais aux « politiques » ou développerons-nous nos mobilisations, pour qu’elles deviennent « puissance politique » …
On éclairera ici deux dimensions fortes qui ont marqué cette rencontre. D’une part plusieurs intervenants ont souligné le caractère inédit des alliances qui se nouent à l’hôpital entre les diverses strates professionnelles qui structurent cet univers pourtant très hiérarchisé. Par ailleurs plusieurs intervenants ont choisi d’éclairer le caractère autogestionnaire des luttes que développent les hospitaliers. On évoquera aussi les éléments indicateurs d’une prise en charge nouvelle de leur santé par les patients eux-mêmes.
Sylvie Faye-Pastor médecin en activité a ouvert le débat en évoquant « ce qui se passe dans les hôpitaux, de l’inédit […] Plusieurs collectifs se sont créés, inter urgence, infirmiers de bloc, inter hôpitaux, […] la motion du collectif inter hôpitaux est très intéressante. Elle commence par – nous soussignés – et cela va des chefs de service jusqu’aux agents de service hospitalier en passant par les secrétaires, les infirmiers etc.… c’est la première fois que je vois un tel front se créer. »…
Patrick Silberstein médecin généraliste retraité intervient sur le même thème : « il faut réfléchir au bloc social et politique que nous construisons dans le système de santé avec ce front qui se met en place du chef de service au personnel d’entretien. […] Comment l’hôpital peut-il être autogéré ? Il ne s’agit plus de réclamer l’autogestion du service public mais de le faire concrètement. »
La seconde ligne de force de la rencontre est la coloration autogestionnaire des luttes actuelles. À propos du financement du système de santé Sylvie Faye Pastor rappelle « la sécurité sociale était au départ un système quasi autogestionnaire sous tutelle de l’État qui donnait du pouvoir aux gens et donc que les capitalistes se sont efforcés de briser ». Patrick Silberstein considère que les citoyens en lutte réclament le droit d’organiser, de structurer eux-mêmes la distribution des soins et la gestion du système de santé. Pour sa part Émile Fabrol, affirme que, en défendant le bien commun santé sécurité sociale, en revenant à l’autogestion, à l’élection des dirigeants par les seuls travailleurs, se définissent les contours d’une société post- capitaliste. Clément Thépot qui a travaillé dans l’industrie pharmaceutique est diabétique insulinodépendant : « D’avoir un payeur unique (sécurité sociale) impose une vision à long terme quant à la prise en charge. Le payeur unique peut dire au fabricant vous avez le droit de commercialiser votre médicament, mais il faut aussi organiser l’éducation à la pathologie pour diminuer le recours […] il faut faire financer l’éducation à la pathologie par celui qui produit le médicament ».
Bien d’autres thèmes ont été soulevés, l’ensemble des interventions (34) est disponible sur le site Cerises, la coopérative rubrique « Avec ceux qui se fédèrent ».
Catherine Destom Bottin
Photo : http://www.phototheque.org/
Il est indispensable que la Santé (de tous et de chacun) et son devenir, ne reste pas, en quelque sorte, le fait des seuls professionnels de santé (Ambroise Croizat n’était pas médecin ou apparenté) ni du ( des ) Gvnmt(s). C’est pour cette raison que la loi de 1946 a fait de la Sécu’ une “société” privée. C’est pour cette raison que le CA était élu au suffrage universel des seuls cotisants ( apprentis inclus). Quant au “numerus clausus”” en fixant le nombre des étudiants en médecine en 1973, a créé et organisé depuis 50 ans, les déserts médicaux actuels qu’AUCUN gvnmt, AUCUN, n’ a supprimé depuis UN DEMI SIECLE; NOUS AVONS NOTRE part de responsabilité politique dans la situation présente.