Il est question de supprimer Marx et Freud du programme de philosophie de la classe de terminale (GEPP Groupe d’élaboration des projets de programme Mars 2019) !!! On ne sait pas encore si la proposition sera ou non entérinée par la commission ad hoc, mais que cela soit seulement envisagé pose de graves questions et incite à réfléchir quelques minutes à l’apport de ces deux auteurs et au rôle de la classe de terminale.
Que représentent Freud et Marx aujourd’hui ? Et quelle est la signification de leur suppression des programmes de terminales ?
A travers l’exploration et la théorisation de l’inconscient pour le premier, c’est la connaissance de soi comme une personne et la conscience d’un rapport à l’intime qui sont en jeu. Et pour le second, l’explicitation des rapports de domination et de travail, c’est-à-dire la compréhension des rapports économiques et sociaux, et/ou des conditions matérielles et sociales qui façonnent nos manières d’être et de penser (nos « habitus » dirait Bourdieu) et expliquent les inégalités sociales contemporaines (pour faire vite et trop schématique).
C’est l’une et l’autre face du dévoilement des aliénations qui sont mises en œuvre par ces deux auteurs et qui effraient tant les décideurs politiques. C’est aussi toute la question du sens qui est posée, sens de la vie, sens de la société, sens du politique, sens de l’économique que l’on voudrait éviter aux jeunes bacheliers d’aujourd’hui.
Cette proposition relève en effet, d’une idéologie réductionniste fondée sur le primat des sciences cognitives et uniquement sur celles-ci dans la manière de penser. C’est en outre contraire à l’ouverture à la pluralité des modèles et des approches possibles de la société.
Voulons nous, à travers le programme de philosophie « produire » des gestionnaires ou des êtres humains capables de vivre, de penser et de se penser dans la société présente et à venir ?
Tous ceux qui l’ont vécue le savent, la classe de philosophie, fleuron de notre système éducatif, est un grand moment de construction des individus, de réflexion personnelle, de maturité, de développement de l’esprit critique. Est-ce cela que ce projet de réforme tente d’empêcher ? Il n’empêchera en tous cas pas l’inconscient d’exister ni la révolte face au sentiment d’injustice de gronder.
Développer la capacité de penser peut permettre d’éviter certaines formes de violence inutile et ou inefficace.
Résistons et insurgeons nous contre cet appauvrissement programmé de l’intelligence.
Catherine Destom-Bottin, Bénédicte Goussault
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