
Ouvrons sur un paragraphe historique concernant ce que l’on appelle « modes de production ». Si on regarde l’histoire des civilisations, ces modes de production sont un peu comme la boîte de vitesse d’une voiture. Si la première est un passage obligé je vous déconseille de tenter de faire Paris-Lyon en restant en première ou même en troisième. L’esclavage en Egypte ou en Grèce a permis de développer la civilisation, puis, faute de dépasser à temps le système, ces civilisations se sont enlisées. Idem avec le servage : la différence séculaire entre la fin du servage en Occident et son maintien plus tardif en Europe centrale a des conséquences encore visibles aujourd’hui. Il vaut mieux savoir quand il est temps de passer à autre chose.
Aujourd’hui, nous assistons à un redéploiement mondial contre tout ce qui est collectif : même l’Etat. Même dominé par la haute finance, l’Etat c’est encore trop de collectif. Le but : réduire l’individu/e à lui- elle-même. C’est Trump, ou Mileï. Ne nous croyons pas à l’abri : la loi El Khomery de 2016 est faite pour contourner le code du travail par des « accords » de gré à gré entre ogre capitaliste et chaque salarié/e pris/e isolément ; et aujourd’hui, un résultat d’élections législatives est superbement ignoré…
Cet article s’intègre au débat proposé par la rédaction de Cerises la coopérative “Nouveau monde? Nouveaux défis”. Voir la problématique ICI
Signe de force ou le capital doit-il faire face à d’indépassables contradictions ? La question n’est pas seconde : soit on rentre la tête dans les épaules, soit on cherche les failles pour s’y engouffrer.
Si hier le capitalisme était, à sa manière, porteur de développement industriel avec ce que cela supposait en travail, qualifications, instruction et santé suffisantes, en consommation pour vendre, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Devant la fréquence avec laquelle il faut renouveler les machines, les coûts liés à des qualifications plus élevées, l’exigence de démocratie qui les accompagne, les capitalistes ont peur que leurs dominé·es deviennent leurs fossoyeur·euses. On a vu dans les années 80, PSA préférer les malfaçons liées au travail à la chaîne aux ateliers flexibles rassemblant différents corps de métiers. Ces ateliers permettaient la vision de l’objet fini, donc une meilleure perception de la valeur des travailleur·euses. Le capitalisme se réfugie dans la spéculation, le pillage des richesses publiques et de la nature. Il ne répondra plus à aucun besoin civilisationnel. Ça c’est une sacrée faille !
Deux possibilités : un effondrement des sociétés humaines, la catastrophe écologique, la guerre…Ou ne plus penser la quête d’une autre organisation de la société comme du rêve mais comme un objectif donnant leur sens aux enjeux immédiats. Utopique ? Déjà les salariés de Décathlon et de Géodis dénoncent le détournement que représentent les dividendes et réclament leur part de la richesse qu’ils ont produite. Nous devrions aussi récupérer les 173 milliards de nos impôts et du travail offerts aux entreprises du CAC 40. Le tout est d’oser.pierre zarka
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