Dossier “Territoires et alternatives démocratiques”
“L’organisation actuelle des territoires masque la mise en place de nouveaux pouvoirs plus difficiles à identifier et de plus en plus à l’abri des exigences des citoyens…” (lire ici la suite du Prologue au dossier “Territoires et alternatives démocratiques”)
“Jusqu’à présent la conception du territoire était « d’assurer une répartition équilibrée des ressources, des activités et des hommes dans l’espace, afin de préserver durablement l’ensemble du territoire national comme lieu de vie et d’activité. Indissociable du principe d’égalité républicaine et d’un profond attachement à la richesse et à la diversité territoriale de notre pays[1] ». Nos territoires voient les services publics partir les uns après les autres. Sans parler des services comme la boulangerie, l’épicerie, le petit café du coin ou le bureau de tabac. Les populations, abandonnées, sur les questions de l’emploi, de l’économie et du social en général au profit des grandes agglomérations, sont en droit de s’interroger : “Ils l’emmènent où mon territoire ?”.
Petit à petit, une partie de nos concitoyens a l’impression d’être les oubliés toujours plus éloignés des lieux de pouvoir. Tout est repli mais pas pour tout le monde, que l’extrême droite soit en tête du premier tour de l’élection présidentielle dans plus de 19 000 communes illustre l’ampleur de ce phénomène inquiétant.
A partir de là, parlons-en de la désertification des territoires !
Qui viendra habiter dans un lieu où l’on ne peut pas se soigner ?
Poursuivant la politique de ses prédécesseurs, le gouvernement modifie la définition des hôpitaux de proximité. La carte hospitalière offrirait trois niveaux : les hôpitaux « d’excellence » pratiquant une médecine de pointe (pour nous Dijon). Un peu moins éloignés : les hôpitaux de recours autorisés à proposer de la médecine, de l’obstétrique, de la chirurgie (pour nous Chalon sur Saône). Et, enfin, les hôpitaux de proximité dédiés aux soins aux personnes âgées et au suivi des malades chroniques (pour nous Montceau les Mines). Bonjour l’errance médicale.
Le centre hospitalier de Montceau a déjà quasiment le profil type après la perte de sa maternité et la fermeture de la chirurgie en 2018. Et la population sait ce que signifie le terme éloignement en la matière. A Montceau les Mines la directrice du GHT (Groupement Hospitalier de Territoires) nous a assurés du maintien du SMUR (Service Mobile d’Urgence et de Réanimation). Mais la lecture des nouvelles orientations gouvernementales ne peut que nous inquiéter. Car contrairement aux annonces faites, la situation financière de notre hôpital, loin d’avoir été redressée par la disparition de la chirurgie, a été aggravée. La disparition du service de chirurgie a un impact délétère sur la santé d’une population vieillissante et fragile. A plus ou moins 30 minutes de l’hôpital, notre bassin de vie compte 105 000 habitants répartis sur 62 communes. Si, à minima, le retour de l’ambulatoire n’est pas assuré, l’hôpital deviendra rapidement un EHPAD XXL.
L’Association des maires de France (AMF) et les élus communautaires de France, demandent au gouvernement d’entendre « l’appel des territoires pour une offre de soins publique préservée et développée » et de « stopper toute fermeture de service hospitalier public.
Dans le Charolais Brionnais, en 2020, les hôpitaux de Paray, La Clayette et Charolles devraient fusionner administrativement. L’administratif, probablement la première étape avant d’attaquer les services de santé.
Pourquoi veulent-ils fusionner ? Pour fermer ! Pour trouver de l’argent pour le gros hôpital de Paray, il faudra vampiriser les petites structures de La Clayette et Charolles. Et après, c’est Mâcon qui finira par vampiriser Paray ! Nous sommes là sur un territoire 100% rural qui poursuit ainsi un processus de désertification. Qui viendra habiter dans un lieu où l’on ne peut pas se soigner ?
A rebours montrer les conséquences territoriales de l’asphyxie des hôpitaux peut devenir un facteur d’une mobilisation plus large des usagers. Ils sont concernés à double titre.
[1] Rapport d’information n° 565 (2016-2017) de la commission du Sénat de l’aménagement du territoire et du développement durable.”
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