Délicieux.

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Le lapin

C’est dur d’être adulte, de renoncer à l’adolescence, aux rendez-vous inavoués, surtout celui qu’on prend avec sa propre mémoire. Souvenir d’une banlieue comme bien d’autres, qu’on a quitté depuis dix ans. On s’y perd parfois, on ne reconnaît plus, mais quand même, la souvenance reste. On peine et on revient au cœur, à la cité où tout a commencé, où tout finit, parfois.

Dix ans après, cette banlieue a changé, mais elle garde son goût, sa prégnance. En sortir, est-ce être adulte ??? Ni sublimation, ni romantisme popu de premier étage. Pas de mélancolie non plus.

Enfermement (dans) la banlieue ? L’école, le collège, le café, les buissons, la cave, ce recoin où se cacher, l’église, le supermarché, ELLE était là. Mille et une bribes, qui font ce que je suis. Elle aussi. Avec qui mon souvenir a rendez-vous.

Chaque personnage de ce roman a un repère mémoriel, un point qui le fait unique et sans nul doute indispensable. Comme le bout d’un puzzle. Tout au long de ces pages se décrit la démarche d’un banlieusard, qui arpente les rues de Becon-les-Bruyères, dans un langage qui fleure le rap et ne manque pas de clins d’œil aux classiques de la littérature.

Mais le souvenir, lui, n’a pas de langage. Elle s’appelle Pauline, pourquoi Pauline ?

Quel rendez-vous, donc, sera honoré ? Ou pas…

Patrick Vassallo

Le lapin, Chloé Delchini,  Editions SCRIBES, 2024, 128 pages, 18€

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