Délicieux.

Articles courts à déguster à tout moment.

Cette femme qui nous regarde

« Est-ce que ce livre a un sens politique ?

– Ah, je suis foutu… »

La question a fusé, légitime et pourtant presqu’obsolète tant la réponse est évidente. Mais c’est la dernière, et elle arrive en conclusion à cette heure passée à écouter M. Mabanckou, invité à Rennes pour présenter son dernier opus.

« Angela Davis, c’est trois continents qui font partie de ma vie : l’Afrique, la France et les États Unis. L’équilibre, c’est entre ces trois espaces. L’espace du cœur, c’est le Congo. Les ventricules, c’est la France, pour consolider la culture. Et les États Unis, ils me nourrissent, pour que je ne devienne pas la proie des dictateurs. 

Le temps m’a appris la discussion et le pacifisme. »

Alain Mabanckou rend ici hommage à Angela Davis, croisée à plusieurs reprises, d’abord sur la couverture de son autobiographie – qui fixait la famille dans la bibliothèque de l’oncle René – lue à l’adolescence, puis rencontrée lors d’une conférence à UCLA, le 8 Mai 2014, dont le souvenir sert de colonne vertébrale au récit.

Avant l’apothéose, LA rencontre, à la fête de l’Huma il y a quelques jours.

Cette longue lettre est aussi – surtout – une façon de se raconter, de raconter le monde d’aujourd’hui, de l’air du temps, « un air pestilentiel », de Valérie Pecresse à la mort de Nahel, des manifestations pro-palestiniennes au racisme brutal – et impuni – des cours d’école. A lire et à méditer.

Alexandra Pichardie

Cette femme qui nous regarde, Alain Mabanckou, Robert Laffont, 150 p., 18,90 €.

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