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Game over ? L’autre héritage

Si les JO 2024 ont incontestablement suscité, certes tardivement, un engouement de la population, on peut craindre que l’héritage annoncé ne soit pas de la teneur annoncée. On verra ce que deviendra le village olympique, quelles suites aura le succès magnifique de Station Africa (à l’Ile-Saint-Denis)[1], village du monde, multiculturel, d’une grande qualité et plein de vie.

Mais ces JOP auront été l’occasion d’un déploiement sans précédent de mesures de police (qui ont fait l’effort d’être avenantes), d’un déploiement policier d’ampleur (municipal, national comme privé) qu’une partie de la population et le public apprécient favorablement. Mais beaucoup de jeunes n’ont pas voulu risquer la proximité avec ces forces de l’ordre. Quant aux « sans papiers », ils ont évité l’OQTF. Tous dispositifs dont le ministre de l’intérieur, liquidant les affaires courantes et en visite à Saint-Denis, a assuré le maintien au-delà des jeux. De même que les innovations technologiques : reconnaissance faciale, assistance IA, etc. qui dessinent une société de surveillance renforcée par la vidéosurveillance algorithmique, simple outil technique selon le directeur de la police municipale[2] !   

Cette société de surveillance dont Macron et Darmanin ont tissé la toile s’accompagne d’un autoritarisme renouvelé. Toutes ces mesures ont été prises en catimini. La loi JO a autorisé de contourner conseils municipaux et autorités de contrôle. Les libertés individuelles ont morflé : assignations à résidence, interpellations préventives, contrôle par QR code des résident·e·s et zonage que la seule sécurisation des sites olympiques ne peut entièrement justifier… On remarquera que la hausse considérable des tarifs de transports publics franciliens a complété le tri des populations « visiteuses ».

Selon les associations, 15 000 personnes ont été déplacées : sdf, résidences sociales, chambres universitaires « libérées » de leur résident·e·s : combien pourront revenir ?

Combien de locaux olympiques seront effectivement mis à disposition des populations locales, des étudiant·e·s, des personnes âgées ? Les locaux seront libérés le 8 septembre, la rentrée universitaire est dans la foulée, comment jouera cette sinistre concurrence entre SAMU social (115), résidences, CCAS et ONG ? 4 incendies ont sévi durant l’été. Aucune procédure transparente n’a été mise en place pour la réaffectation de ces locaux. Ça va être sportif !

Autre ‘drôle’ d’héritage, des salariés de Paris 2024 se sont rapprochés de la CGT
pour faire valoir leurs droits. Le COJOP (entité qui organise les JOP) a fait signer 2800 contrats forfait-jour, ce qui permet à l’employeur de faire travailler plus, et au travailleur de gagner moins. Ce sont la plupart du temps des contrats abusifs. Témoignages à l’appui, les illégalités font florès. C’est pas la fête pour tout le monde !

Patrick Vassallo

[1] Station Afrique à l’Ile Saint-Denis
[2] Vidéo surveillance algorithmique à Saint-Denis

 

 

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