Les Pratiques Physiques et Sportives objets culturels cristallisent ce que les femmes et les hommes ont inventé et produit comme techniques corporelles pour s’émanciper des déterminismes qui les entourent, prennent racine dans des pratiques ancestrales (se déplacer, chasser, se transporter, combattre, s’organiser en groupe, communiquer…) pour se détacher de leur fonction utilitaire et constituer un champ autonome de pratiques sociales au cours d’un long processus historique. Réservées à une élite, elles se sont progressivement démocratisées, ont produit un système de règles puis se sont développées à l’échelle de la planète. Elles sont devenues au-delà des langues, et des histoires de chaque pays, des instruments de communication et de rencontres planétaires.
En se confrontant aux Pratiques Physiques et Sportives chacun·e s’émancipe en mettant en jeu des ressources multiples, motivationnelles, attentionnelles, décisionnelles, gestuelles, énergétiques, émotionnelles, s’approprie des techniques, déploie une activité personnelle dans une pratique sociale qui existe en dehors de soi, développe de nouvelles capacités motrices qui au-delà du plaisir d’apprendre ou de vivre des situations émotionnelles fortes, permettent de vivre mieux.
Compétition et performance, émulation et coopération
La compétition est inhérente à l’activité sportive. Dans un cadre commun, qui suppose l’acceptation des règles de la compétition, les sportives et les sportifs déploient leur activité physique en recherchant la performance et/ou un résultat optimal. Elles et ils s’éprouvent, se fatiguent, font leurs preuves en se confrontant à des contraintes, en se confrontant à eux-mêmes ou aux autres et se développent en dépassant leur motricité habituelle.
Faire vivre le principe selon lequel l’adversaire est l’ami qui me fait progresser, et non mon ennemi, nécessite tout un travail qui parfois remet en cause les représentations de certains qui privilégient l’élimination de l’adversaire, ou d’autres n’y trouvent aucun intérêt… Pour cela il faut être inventif. L’organisation de la compétition relève de choix éducatifs essentiels et doit permettre de jouer sur le rapport émulation coopération des compétitions où les règles évoluent en fonction des acquisitions de chacun·e, des compétitions où tout le monde continue à jouer quel que soit le résultat, des compétitions où les résultats de chacun·e comptent, des compétitions solidaires avec des équipes hétérogènes, où ce qui va compter c’est la solidarité entre les joueurs/ses performant·e·s et les joueurs/ses moins débrouillé·e·s, des compétitions où la convivialité est de mise et les résultats sont dédramatisés.
Ainsi, la compétition et la haute performance ne sont pas par essence des principes du système capitaliste, nourrissant des processus de domination, elles peuvent être placées au cœur de processus d’émancipation en rendant possible la recherche du dépassement de ses propres limites, aussi bien individuellement que collectivement. Le développement des activités sportives adaptées pour les personnes porteuses de handicap en est une formidable démonstration.
Les JOP, un concentré de contradictions
Les JOP sont à la fois la plus grande rencontre internationale de sport, l’aboutissement de nombreuses années d’entraînement et un moment merveilleux pour les athlètes et les spectateurs et spectatrices et la concentration de toutes les dérives du monde capitaliste : dopage, salaires extravagants, dumping sur les retransmissions, achat de joueurs, mais aussi violences, chauvinisme, voire nationalisme.
Pour autant le sport de haut niveau n’est pas le seul domaine où les logiques capitalistes s’engouffrent. Les salles de sport privées se multiplient et témoignent de besoins auquel ne répondent pas les structures sportives associatives actuelles. Il y a un continuum entre les pratiques de haute performance et les pratiques de masse. Il doit donc y avoir un continuum dans nos revendications pour l’accès de toutes et tous aux Pratiques Physiques et Sportives, du sport de masse au sport de haut niveau : que les principaux intéressés puissent les organiser avec un financement public.
Sylvie Larue, professeur d’EPS, militante Snep-Fsu
Travailler en période de Jeux Olympiques
Sylvain, cheminot
Je suis conducteur sur le RER D. Sur la période des JO, nous aurons 1000 trains supplémentaires à effectuer.
Cela a obligé à revoir toute l’organisation prévue habituellement sur les vacances scolaires. Habituellement, pour les congés d’été, un conducteur a une période de vacances scolaires, juillet ou août, tous les deux ans ; l’autre année, c’est soit juin, soit septembre.
La direction SNCF a d’abord essayé de modifier les protocoles de vacances pour avoir quasiment tout le monde durant les JO ; elle s’est ensuite ravisée, en misant sur le « volontariat » en échange de mesures dites incitatives (rachat de RTT, prime de présence). Elle fait aussi appel aux cadres et à des conducteurs d’autres régions pour conduire les trains pendant cette période de JO.
En termes de conditions de travail, il y aura plus d’horaires tardifs en soirée et, avec un effectif limité, il va falloir gérer plus de trains et d’usagers, ce qui, obligatoirement, va créer une crispation accrue.
Ce qui est inadmissible, c’est que les usagers du quotidien vont être sacrifié∙s pour les touristes : hors période JO, le plan de transport va être réduit pendant les vacances, ce qui va dégrader fortement les conditions de transport notamment des travailleurs et travailleuses. A ce propos, alors que nous sommes en juin, la direction SNCF n’est toujours pas capable de nous dire comment nous pourrons venir travailler et circuler lors des JO. La préfecture et la SNCF n’ont toujours pas l’air de trouver une solution pour que les travailleurs et travailleuses du service public puissent travailler correctement
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