Culture.

PArce qu’on ne peut pas s’émanciper sans aile !


Les JOP Paris 2024 : dégâts sociaux, saccages environnementaux

 

Le 26 juillet prochain débuteront les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 (JOP Paris 2024). Au-delà du grand évènement sportif et de la « fête populaire » promise, l’analyse des sept années de préparation écoulées montre que ces Jeux ne sont, en réalité, ni populaires, ni inclusifs, ni écologiques, termes que l’on retrouve chez leurs organisateurs, aménageurs et promoteurs institutionnels.

Précisons tout d’abord que les JOP ne constituent pas seulement la plus grande compétition sportive mondiale, mais également pour chaque ville et pays hôte un outil de marketing territorial dans la compétition internationale. Ils deviennent alors un formidable moyen d’accélérer les transformations urbaines et sociales de quartiers pour la plupart populaires, sous régime d’exception évènementiel.

Le 13 septembre 2017, Paris est désignée ville hôte. Deux structures ont alors été spécialement créées pour organiser l’évènement et construire l’infrastructure bâtie : le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 (COJOP Paris 2024) et la Société de livraison des ouvrages olympiques (SOLIDEO), un établissement public d’aménagement. Deux lois olympiques ont été votées par le Parlement en mars 2018 puis en mai 2023, qui permettent de déroger au droit commun, notamment en matière d’urbanisme et d’environnement. Notons, en outre, que la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France métropolitaine, est le principal lieu de leur construction. Trois grands projets « héritage » y sont réalisés sur 160 ha en seulement 6 années : le village olympique et paralympique, le centre aquatique olympique et le cluster des médias. Face à l’organisation et à l’aménagement des JOP Paris 2024, une mobilisation d’habitant·e·s, de militant·e·s et d’associations s’est constituée au fil des années autour de quatre collectifs : « NON aux JO 2024 à Paris », le Comité de vigilance JO2024 à Saint-Denis, Saccage 2024 et plus récemment le « Revers de la médaille ».

Sur la base des arguments développés par les collectifs et des faits observés au cours de ma recherche doctorale, on peut formuler quatre grandes critiques à l’égard de ces Jeux au regard de leur nature et de leurs conséquences : les JOP Paris 2024 polluent, excluent, exploitent et renforcent le système de surveillance policier.

Ils polluent et nuisent à l’environnement avec par exemple le réaménagement de l’échangeur autoroutier sur l’A86 à proximité d’un groupe scolaire dans le quartier Pleyel à Saint-Denis, la destruction de 4000 m² de jardins ouvriers à Aubervilliers pour la construction d’une piscine et la construction du cluster des médias sur une partie du parc Georges Valbon à Dugny.

Ils excluent avec notamment l’expulsion d’un foyer de travailleurs migrants à Saint-Ouen, de 500 personnes du squat Unibeton sur l’Ile-Saint-Denis, d’étudiant·e·s par la réquisition des résidences CROUS, fragilisent l’hébergement d’urgence liés au 115, déplacent des personnes à la rue et accentuent l’augmentation des valeurs immobilières en Seine-Saint-Denis ainsi qu’à Paris sous l’effet Airbnb.

Ils exploitent les travailleurs sans papiers sur les chantiers des ouvrages olympiques ou encore les 45 000 bénévoles au service des jeux pendant les compétitions.

Ils renforcent le système de surveillance policier en mobilisant de nouvelles technologies de contrôle comme la vidéo surveillance algorithmique de l’espace public et des personnes.

Le 24 juillet, le CIO attribuera les JO d’hiver de 2030. Les Alpes françaises sont seules candidates. Espérons qu’un Nouveau Front populaire combattif saura tirer les leçons des JOP Paris 2024 et empêcher d’autres dégâts sociaux et saccages environnementaux, dans le meilleur des cas en qualité de majorité politique à l’Assemblée et en se tenant plus que jamais aux côtés des travailleurs·ses, des classes populaires et de la nature.

Marianna Kontos, doctorante architecture

 

Travailler en période de Jeux Olympiques

Des travailleurs du BTP
Pour nous, les ouvriers du BTP, les JOP, ça restera surtout nos 8 collègues morts sur les chantiers du Grand Paris – JOP. Comme Amara Dioumassi, écrasé le 16 juin 2023 par une camionnette roulant en marche arrière sans bip de recul et sans caméra arrière sur le chantier d’assainissement de la Seine du bassin d’Austerlitz ; il n’y avait pas de protections pour les piétons alors qu’Anne Hidalgo, mairesse de Paris, donneuse d’ordre et ancienne inspectrice du travail, avait visité ce chantier quelques jours auparavant, pour y faire la pub des JOP mais n’avait pas daigné le faire fermer pour le mettre aux normes de sécurité.

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