Il y avait eu les batailles pour les retraites, contre la loi Darmanin, etc : grosses mobilisations et pourtant… Faute d’une alternative politique, le pouvoir se sentait tout puissant et continuait droit dans ses bottes.
Et puis il y a eu la Palestine et l’horreur à Gaza. Ce n’était déjà pas facile d’encaisser recul sur recul sur le plan social mais là, quand même, un génocide sous nos yeux ! Certes il y a eu des mobilisations. Et puis ? Et puis rien sur le terrain. Alors parfois, les façades de ceux et celles qui se sont mobilisé.es se fissurent : « Je n’y crois plus, je suis désespéré.e ».
L’espoir et le désespoir sont des sentiments. Espérer c’est croire a priori en un avenir meilleur, désespérer c’est ne plus y croire, abdiquer. En avons-nous le droit ?
Et si la vraie question aujourd’hui n’était plus de croire mais de penser ?
Une amie palestinienne nous disait au début de la guerre : « Notre priorité doit être de nous dégager des réactions émotionnelles pour survivre et rester forts ». Parole de victime. Espoir ou désespoir n’est plus la question : il s’agit de mettre, indépendamment de nos sentiments, toutes nos forces pour élaborer une stratégie de bataille car nous sommes dans un contexte de guerre généralisée sociale ou militaire.
Nos objectifs sont la justice et la paix et nous ne pouvons présager de rien. Nous devons remplacer les sentiments paralysants par quelque chose qui est de l’ordre du devoir moral : nous agissons simplement parce que nous devons agir. Les premiers Résistants au nazisme n’ont pas fait autre chose.
Mais il faut être attentifs à tous les signaux : cesser de les mesurer au regard de nos espérances mais pour ce qu’ils sont et ce qu’ils révèlent de l’état du paysage.
Il y a eu les injonctions de la CIJ pour la prévention « d’un génocide plausible » mais à Gaza on continue à mourir sous les bombardements, les tirs de snipers ou de faim et de soif. Les Palestiniens nous disent : « Le droit est notre seul point d’appui ». Il y a eu la résolution du Conseil de sécurité pour un cessez-le-feu immédiat, pas plus respecté par Israël. Ne rêvons pas : ce n’est pas par bonté d’âme que ces décisions ont été prises : elles sont le résultat de la pression populaire.
Et c’est là le grand enseignement : nos actions ont fait bouger les lignes symboliques. Il ne faut pas s’étonner que pour l’instant cela n’ait rien donné sur le terrain : la Justice n’est que ce que l’on en fait. Il ne faut rien en attendre tout simplement parce qu’il ne faut pas attendre. Nous devons utiliser la technique du judoka : nous servir de l’action de l’adversaire pour le faire chuter. Reprendre ses propos pour aller à l’assaut des élus : qu’ils agissent pour que la France cesse de livrer des armes à Israël, la boycotte et porte plainte à la CPI.
Et si les larmes pointent à nos yeux, laissons les s’écouler la nuit mais ne les laissons pas obscurcir nos jours car nos jours doivent être une veille et une bataille permanentes.
Joëlle Couillandre, AFPS Rennes
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