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Un chemin difficile vers les élections de 2024 pour l’ANC

johannesburg, south africa, city

Les péripéties se multiplient sur le chemin des élections qui s’annoncent difficiles pour le parti au pouvoir depuis 1994. Non seulement les sondages annoncent de mauvais résultats, mais les luttes de factions déchirent le parti. Les partis d’opposition ne font pas, non plus, rêver les électeurs.

Un vétéran, Mavuso Msimang a créé la surprise en annonçant sa démission dans une lettre exprimant sa profonde tristesse de quitter l’organisation dont il a été membre pendant 60 ans. Dans sa lettre, il dénonce la corruption et le luxe qui sont devenus comme une seconde nature pour beaucoup de cadres de l’Anc et la misère dans laquelle croupissent encore la majorité des Sud-Africains.

Cette virulente attaque pour dénoncer les errements de l’Anc et le profond désarroi de la population n’a pas duré longtemps. Une semaine plus tard, Mavuso Msimang annonçait qu’après consultation avec la direction de l’ANC, il renonçait à sa démission du parti, ce dernier ayant promis de « s’occuper rapidement des membres indisciplinés y compris ceux impliqués dans la capture de l’État », c’est-à-dire ceux qui ont empoché des millions dans des appels d’offre délictueux.

Une fois cette tempête dans un verre d’eau passée, Jacob Zuma, l’ancien président démis et accusé de malversation, corruption, kidnapping, abus de confiance, annonçait qu’il ne ferait pas campagne pour l’Anc mais qu’il ferait campagne pour un nouveau parti dénommé uMkhonto Wesizwe. Il a accusé l’actuel président Cyril Ramaphosa d’être un agent « du capitalisme blanc », un vieil argument africaniste.

La confusion entre le mouvement armé MK, Umkhonto weSiswe, créé en 1961 par l’Anc et ce nouveau parti dont on ne sait rien est un acte délibéré d’entretenir la confusion chez les électeurs. Les vétérans de l’Anc demandent l’expulsion de Jacob Zuma du parti de Nelson Mandela, mais ce n’est pas si simple. Jacob Zuma a encore beaucoup de supporters dans sa province natale le Kwazulu-Natal et parmi les partisans de la Transformation économique radicale (RET) qui dénoncent justement ce « le capitalisme blanc ». La direction de l’ANC « a suspendu » l’adhésion de Jacob Zuma à l’ANC pour avoir “attaquer activement l’intégrité du parti et en faisant campagne pour le déloger du pouvoir. »

Ces deux incidents ne sont que les prémices d’une campagne électorale qui s’annonce difficile. Les derniers sondages ne sont guère encourageants et tous annoncent la perte de la majorité absolue pour l’ANC, qui devra alors composer avec les autres partis pour former un gouvernement de coalition, mais avec qui ?

Les deux principaux partis d’opposition le DA, Alliance démocratique et EFF, les Combattants de la liberté économique, perdent aussi de l’attrait pour les électeurs et les derniers sondages les donnent à 19% et 16% des intentions de votes des électeurs inscrits. Quelle alliance l’Anc peut-il nouer avec ces deux partis ? La réponse est loin d’être évidente. Le DA est l’ennemi juré depuis toujours et il dirige une province celle du Cap occidental et sa capitale. Ce parti aussi connait des rivalités internes et certains de ces dirigeants ont claqué la porte pour créer de nouveaux petits partis.

EFF serait un partenaire turbulent difficile à maitriser dans ses outrances. Son programme de 247 pages, qui donne la priorité aux jeunes, la nationalisation des banques, des mines, de la terre risque de faire fuir les investissements et les promesses d’augmentations des salaires, des bourses d’étudiants, des salaire, des prestations sociales restent les promesses sans garanties d’une politique populiste.

Il y a aussi beaucoup d’autres nouveaux partis, comme celui créé par un banquier Roger Jardine, Change Starts Now, et qui dans son manifeste électoral appelle à un plan Marshall pour reconstruire l’économie dévastée du pays, comme par une guerre. Il propose de taxer les plus riches et les grandes entreprises pour créer un Fond de Reconstruction. La priorité sera la lutte contre la pauvreté. Présenté à Kliptown, le township où fut élaboré la Charte de la liberté en juin 1955, ce programme pourrait séduire, mais peut-on vraiment faire confiance à un banquier ?

Une nouvelle loi permet aussi à des candidats indépendants de se présenter aux élections. Déjà Zackie Achmat, responsable de Treatment Action Campaign qui militait pour l’accès de tous les malades du sida aux traitements antirétroviraux, jouit d’une notoriété importante dans la ville du Cap et dans les milieux LGBTI.

La date des élections est fixée au 29 mai 2024 nul doute que 30 ans après les élections d’avril 1994 qui ont mis fin définitivement au régime d’apartheid, elles revêtent une charge symbolique qui n’échappe à personne.

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